Le référendum du Loch Ness
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 30 août 2023 10:59
- Écrit par Claude Séné
Depuis 2005, date du dernier référendum en France, qui a vu la victoire du Non au traité de Maastricht et le désaveu, non seulement du président de l’époque, Jacques Chirac, favorable au traité, mais aussi des élites pro-européennes de droite comme de gauche, aucun président n’a voulu prendre le risque de consulter directement le peuple. En effet, les politologues distingués font observer à juste titre que les Français, quand on les consulte, ont la fâcheuse habitude de répondre à côté de la question, et le référendum se transforme régulièrement en plébiscite pour ou contre le pouvoir en place, et permet au peuple d’exprimer son hostilité à celui qui pose la question.
Ce n’est donc pas un exercice sans risque, ce qui explique pourquoi le président actuel en parle souvent, comme d’une hypothèse qu’il ne veut pas écarter a priori, mais dont il se défie beaucoup, à l’évidence. La formule après laquelle il court désespérément, ce serait celle qui lui permettrait de gagner à coup sûr. Pour réaliser son vœu, il semble envisager plusieurs pistes. En premier lieu, il pourrait choisir un thème fédérateur, susceptible de rassembler un vaste consensus dans l’opinion. Le sujet qui tient la corde serait celui de l’immigration. Faute d’un projet positif pour l’avenir, il est toujours tentant de désigner un bouc émissaire. Le clin d’œil appuyé qui sous-tend cette idée, c’est évidemment celui adressé à toute la droite, mais aussi à une partie de l’électorat de gauche, qui pourrait être effrayé, grâce à une propagande bien menée, de perdre ses derniers avantages sociaux pour financer l’arrivée des migrants. C’est évidemment tentant pour le président Macron, mais ne constitue pas une garantie absolue. Nous ne sommes pas à l’abri d’un sursaut altruiste et généreux, ou plus simplement d’un rejet massif du chef de l’état et de sa politique, aboutissant à un vote négatif.
Il faut trouver autre chose. Et là, ce sont les « spin doctors », les mêmes que l’on appelait autrefois « têtes d’œuf » qui rentrent en jeu. Et ils nous ont tiré de leur chapeau un concept résolument moderne, pour lequel il a fallu forger un néologisme, celui de « préférendum ». Il s’agirait, mais les contours en sont encore très flous, de pouvoir poser plusieurs questions aux Français dans un même vote, selon Olivier Véran, porte-parole du gouvernement. Le projet sonne bien, mais il n’est en réalité pas si nouveau. Du temps du général de Gaulle, qui usait et abusait du référendum, mais qui a eu l’élégance de se retirer quand il a perdu celui de 1969, certains avaient imaginé une double question appelant une réponse unique, sur un modèle du genre : « êtes-vous favorable aux allocations familiales et à l’élection à vie du président de la République ? »
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