Le temps des règlements de comptes

Après « le temps des tempêtes », paru en 2020, l’ancien président Nicolas Sarkozy publie la semaine prochaine « le temps des combats », un récit autobiographique des années de 2009 à 2011, où il était encore au pouvoir, et il semble qu’il ait surtout voulu régler ses comptes avec son ancienne famille politique, qui l’a pourtant porté aux plus hautes fonctions de l’état. Il égratigne au passage l’actuel locataire de l’Élysée, d’une part probablement par dépit amoureux en voyant ses initiatives et suggestions diverses écartées par Emmanuel Macron, et d’autre part par orgueil de rester dans son esprit comme le meilleur président possible dans un monde compliqué.

Peu d’acteurs politiques trouvent grâce à ses yeux, à une exception notable, l’actuel ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qu’il verrait bien se présenter aux élections présidentielles en 2027, et dont il souhaite la réussite. Lui qui aurait voulu se représenter après son échec contre François Hollande et en a été empêché par le vote des militants, semble avoir trouvé en Gérald Darmanin le candidat idéal, dont le parcours ressemble au sien, et qui lui permettrait de vivre un succès par procuration, faute de pouvoir exercer lui-même le pouvoir. Il peut toujours en rêver. Il peut même le soutenir, mais il semble qu’il vaudrait mieux le faire discrètement. Nicolas Sarkozy a certes gardé un certain crédit auprès d’une fraction assez âgée de la population, mais davantage en tant que commentateur de la politique passée, dont certains sont encore friands. En témoigne le succès de librairie des précédents ouvrages, qui ne se traduisent pas par un regain de popularité.

L’histoire ne repasse pas les plats, dit-on. Et l’ancien président peut en témoigner, lui qui n’aurait pas eu besoin de grands encouragements pour se lancer dans un remake d’un énième « éternel retour », mais dont les velléités se sont heurtées à l’indifférence de la plupart de ses supporters potentiels. Alors, il critique Emmanuel Macron, ce en quoi il n’a pas tort, en soulignant son illusion de vouloir être « maître des horloges » et contrôler le temps. Beaucoup plus contestable est sa position sur la guerre en Ukraine, et son idée de ménager Poutine pour ne pas insulter l’avenir. À vrai dire, son opinion sur le sujet est de peu d’importance au vu du peu de risque qu’il soit de nouveau « aux manettes » du pouvoir. Le rajeunissement récent de la fonction de président de la République, qui est en soi une bonne chose a favorisé l’émergence d’une catégorie de politiques « à l’américaine », celle des anciens présidents. Aux États-Unis, leur fonction est définie et leur rôle est clair. Avec l’allongement de la durée de la vie, nous risquons de nous retrouver en France avec pléthore d’ex-présidents tels que Valéry Giscard d’Estaing dont nous ne saurons que faire, et pour longtemps.