Forts en thème

« Le mystère de la femme découpée en morceaux reste entier. » D’autant plus que la présentation initiale du meurtre d’Éva, une étudiante toulousaine de 23 ans, n’était pas tout à fait conforme à la réalité. Selon Toulouse 7, le corps de la victime avait été découpé et placé dans des valises. On pardonnera aux journalistes locaux cette licence poétique, ce n’est pas si fréquent que l’on puisse se mettre sous la dent un meurtre aussi croustillant, surtout au moment où la criminalité baisse à Marseille, le lieu privilégié pour les règlements de comptes.

Et c’est justement toute l’originalité de ce fait divers. L’enquête va s’orienter très rapidement sur la piste de jeunes gens propres sur eux, très éloignés des clichés sur les « quartiers » et les caïds poussés à la délinquance par la misère et le désert culturel ambiant. 4 personnes de 19 à 23 ans sont mises en examen, deux étudiants qui préparaient Maths Spé et Maths Sup, un autre qui étudiait en école de Commerce et la quatrième qui était la compagne d’un des suspects. Comment tous ces jeunes gens si « comme il faut » en sont-ils arrivés là ? Ne cherchez pas. À cause de l’enfer de la drogue, naturellement. Si vous l’aviez oublié, la presse vous le rappelle : la drogue, c’est mal ! C’est à cause d’un engrenage diabolique qu’Éva et ses amis en sont venus à consommer des amphétamines et toutes sortes de substances illicites. On ne nous dit pas explicitement que c’est pour surmonter le stress des études, mais on peut le deviner entre les lignes (si j’ose dire). Mais la drogue, ça coûte cher (si, si !). Alors on a vite fait de devenir dealer pour financer sa propre consommation. C’est ainsi qu’Éva se serait retrouvée avec une dette de 6000 euros qui aurait causé sa perte.

L’imagination des journalistes a de quoi s’exercer avec un scénario si rocambolesque qu’ils ne peuvent que l’attribuer aux auteurs de séries américaines, sans lesquels, c’est bien connu, les délinquants s’en tiendraient à des crimes d’une banalité affligeante. Les deux criminels présumés auraient passé la nuit à consommer des drogues diverses et variées avec la victime, avant de la frapper avec un pied de biche et un coup de poing américain pour le compte du troisième larron, dealer en chef. Ils auraient ensuite tenté de faire disparaitre le corps en le plaçant dans une malle en plastique remplie d’acide, comme dans la série « breaking bad ». L’enquête devra déterminer ce qui a pu pousser ces jeunes bien sous tous rapports à se comporter comme des malfrats de bas étage. L’équilibre de la société en dépend.