Vous avez dit universel ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 16 juin 2023 11:07
- Écrit par Claude Séné
Ce n’était à l’origine qu’une idée parmi d’autres, que le candidat Macron avait intégré dans ses propositions en 2017, probablement pour démontrer qu’il se souciait du sort des jeunes, et aussi qu’il défendait les valeurs traditionnelles, dont le service militaire, aujourd’hui abrogé, se faisait le porte-parole et les transmettait de génération en génération. Il fallait profiter de l’occasion pour dépoussiérer tout ça, l’ouvrir aux jeunes filles comme aux jeunes garçons, et sortir du caractère exclusivement militaire de l’encadrement. D’où la création en 2019 de ce SNU, service national universel, qui avait vocation à devenir obligatoire pour toute une tranche d’âge, celle de 15 à 17 ans, soit environ 800 000 jeunes.
On est assez loin de cet objectif, puisqu’en 2022, il n’y a eu que 32 000 participants au séjour de cohésion de 12 jours, et une bonne partie d’entre eux avait dans sa famille une personne de l’armée ou assimilée. Ce qui tendrait à prouver que, pour la plupart, les jeunes ne sont pas intéressés spontanément par la formule, tant qu’elle est basée sur le volontariat. Par ailleurs les critiques continuent, notamment sur le coût de cette opération, entièrement gratuite pour les jeunes et pour les établissements qui les accueillent. Le président a donc cherché un moyen de rendre son idée plus attractive. Il n’a pas osé rendre le SNU obligatoire, pressentant sans doute, après la crise de la réforme des retraites, de grandes difficultés à le faire passer, sans majorité pour le soutenir.
Il a donc envoyé sa secrétaire d’état à la jeunesse et au SNU présenter le nouveau projet, dans lequel les élèves de la classe de seconde effectueraient leur séjour de 12 jours sur le temps scolaire, et toujours sur la base du volontariat, pour le moment. Cette pure démagogie, présentant le séjour comme une forme de vacances, fera peut-être naître quelques vocations supplémentaires, mais leur fera perdre 12 jours de cours, alors que le non-remplacement dans les écoles est un sujet de préoccupation. Les réactions syndicales sont évidemment négatives, et à juste titre. Cet exemple aura permis de mettre en évidence une nouvelle fois, qu’il y a pire que les candidats qui ne tiennent pas leurs engagements, et ce sont ceux qui tiennent des promesses qu’ils ne se sont faites en réalité qu’à eux-mêmes. C’est aussi une nouvelle illustration du fait que de l’argent il y en a, mais que la question, outre de répartir équitablement la contribution de chacun en fonction de sa richesse, c’est de choisir avec discernement sur quels points importants on décide de dépenser, et je n’ai pas l’impression que le SNU en vaille la chandelle.