Ami ami

Vous ne vous en êtes peut-être pas aperçus, car il n’y a pas eu grand bruit de fait ce jour-là, mais le 30 juillet c’était la journée internationale de l’amitié. Créé en 2011 par l’ONU, cet événement veut développer l’idée que l’amitié entre les peuples, les pays, les cultures des individus peut inspirer des efforts de paix. Belle ambition… Dommage qu’en cette période troublée les gouvernements n’aient pas répondu à la demande qui leur était faite d’organiser des événements pour mettre en lumière ce joli concept que l’on pourrait déjà essayer de vivre soi-même !

L’amitié, ce sentiment qui exprime une inclination réciproque entre deux personnes, ce lien d’affection et d’attachement me paraît précieux. Un proverbe dit que les vrais amis se comptent sur les doigts d’une main, ceux sur qui l’on peut compter quoi qu’il arrive. J’ai encore des doigts sur ma main de disponibles, mais il faut tant d’années pour tisser la confiance, l’empathie, le désintérêt, la générosité, que je doute de pouvoir les occuper. Tout le monde ne peut être Montaigne et La Boétie « parce que c’était lui, parce que c’était moi ».

 Je fais appel aujourd’hui à Alfred de Musset, qui savait bien cultiver cette fleur fragile avec entre autres son ami Alfred Tattet :

 « dans mes jours de malheur, Alfred seul entre mille

tu m’es resté fidèle où tant d’autres m’ont fuit

le bonheur m’a prêté plus d’un lien fragile

mais c’est l’adversité qui m’a fait un ami… »

Ou encore, (À Monsieur  Victor Hugo)

A M V H

Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
Pour savoir, après tout, ce qu’on aime le mieux,
Les bonbons, l’Océan, le jeu, l’azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.

Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;
Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d’adieux.
Puis le cœur s’aperçoit qu’il est devenu vieux,
Et l’effet qui s’en va nous découvre les causes.

De ces biens passagers que l’on goûte à demi,
Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.
On se brouille, on se fuit. Qu’un hasard nous rassemble,

On s’approche, on sourit, la main touche la main,
Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,
Que l’âme est immortelle, et qu’hier c’est demain.

Alfred de Musset 1800-1857, grand poète et dramaturge romantique, n’est plus à présenter, sa vie mouvementée de noceur et d’alcoolique peut être oubliée au regard des chefs-d’œuvre qu’il a écrits, il suffit de lire ou relire son superbe Lorenzaccio pour s’en convaincre !

L’invitée du dimanche