Un vrai conte de fées
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 3 mai 2023 11:03
- Écrit par Claude Séné
Connaissez-vous le pantouflage ? Ce serait le fait, pour un haut fonctionnaire, d’aller travailler dans une entreprise privée, en utilisant les compétences et les relations acquises par son activité et sa formation au sein du service public. C’est ce dont est soupçonné François Fillon, ancien premier ministre, candidat des Républicains, battu en 2017 après une campagne marquée par des accusations d’emploi fictif de son épouse et de ses enfants. Il a été auditionné par une commission de l’Assemblée nationale pour éclaircir son rôle dans des entreprises russes après son retrait forcé de la vie politique française.
Un mot tout d’abord de cette commission parlementaire, créée à la demande du Rassemblement national, qui la préside, pour enquêter sur de possibles ingérences étrangères par l’intermédiaire de personnalités politiques françaises. Quand on sait que le RN lui-même a été critiqué pour ses liens avec la Russie de Vladimir Poutine, auprès de qui le parti d’extrême-droite a contracté son emprunt pour financer la campagne de Marine le Pen, on est fondé à qualifier cette initiative de contre-feu, et à considérer que la poêle semble bien critiquer le chaudron. Mais admettons. François Fillon s’est démarqué de l’opinion générale en France en mettant en valeur la position russe qui accusait l’OTAN de menacer ses frontières, justifiant ainsi l’agression de l’Ukraine en février 2022. Devant l’émoi provoqué par sa bourde, il a alors démissionné de ses mandats aux conseils d’administration des deux sociétés russes où il siégeait. Il n’existe pas dans l’état actuel de l’enquête de trace d’un éventuel pacte de corruption, mais le simple fait qu’il puisse exister est déjà un scandale en soi. L’ancien Premier ministre avait basé toute sa campagne sur son honnêteté. Il avait convoqué la figure tutélaire du Général de Gaulle pour cautionner sa candidature : « on n’imagine pas le Général de Gaulle mis en examen » ce qui lui était revenu en boomerang au moment du scandale du « pénélopegate ».
Fillon n’est pas de Gaulle, et il n’est pas non plus Cendrillon, même s’il a perdu, non pas une pantoufle de vair, mais deux, pour faire la paire. Ce père la vertu illustre bien le décalage entre le discours volontiers moralisateur des premiers de la classe, je ne cite personne, suivez mon regard, et les actes réalisés au nom d’une realpolitik qui peut n’être qu’un alibi. La France n’a pas le monopole de ce mélange des genres. L’ancien chancelier fédéral allemand, Gerhard Schröder, qui n’a jamais caché ses sympathies et ses relations personnelles avec l’autocrate russe, Vladimir Poutine, a continué à le soutenir après l’invasion de l’Ukraine. Il n’a renoncé à son poste au sein de la société d’état russe Rosneft qu’à contrecœur et pour continuer à bénéficier des avantages liés à son statut d’ancien dirigeant du pays.