L’horreur et la terreur
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 26 septembre 2014 10:22
- Écrit par Claude Séné
Comme on pouvait malheureusement s’y attendre, l’otage français enlevé en Kabylie a été exécuté par ses ravisseurs au terme d’un ultimatum dont la brièveté faisait pressentir le pire. Nul doute que le groupe se réclamant de l’état islamique ne se faisait aucune illusion sur ses chances d’infléchir la politique de la France à l’égard des djihadistes qui sévissent en Syrie et en Irak.
S’ils avaient eu la moindre intention de négocier, ils auraient réclamé de l’argent ou la libération de prisonniers. Bien que les autorités françaises aient constamment nié avoir payé des rançons en échange de la libération de ses ressortissants, elles ont admis à demi-mot que des pays amis avaient pu faciliter les choses dans le passé. Dans le cas d’Hervé Gourdel, son sort était scellé avant même son enlèvement, apparemment prémédité. Plus qu’un odieux chantage sur la vie d’une personne, cet acte de barbarie peut être assimilé à un attentat visant à créer la terreur en frappant des victimes prises au hasard. En effet, rien ne désignait ce guide de montagne comme un ennemi des intégristes islamiques sinon sa nationalité française.
Si l’objectif des djihadistes était de terroriser la France, au même titre que les vagues d’attentats qui ont pu avoir lieu sur notre territoire dans le passé, ils ont partiellement échoué. D’une part, que ce soit la classe politique ou les simples citoyens, tous ont serré les rangs et condamné unanimement cet acte abominable. D’autre part, plus que de la terreur, c’est de l’horreur que ce crime a soulevé, du fait de son mode d’exécution, qui devient la marque de fabrique de ces meurtriers, la décapitation.
Si la terreur ou l’épouvante sont des sentiments faisant largement appel à l’intellect bien qu’ayant des répercussions physiques, l’horreur est essentiellement une réaction corporelle, manifestant un sentiment de rejet. Son étymologie évoque la chair de poule, le hérissement des cheveux sur la tête. Le poète latin Virgile, dans l’Énéide, utilise l’expression « horresco referens », je frémis en le racontant, pour rapporter l’impression que lui ont laissée les tribulations de son héros.
Souhaitons que l’union sacrée contre le terrorisme ne vole pas en éclats à la première anicroche et que les communautés, notamment musulmanes, qui vivent sur notre sol, ne fassent pas les frais de ces tentatives de déstabilisation.