Pollution visuelle

Ce n’est pas pour me vanter, mais je suis retourné tout récemment dans une bourgade où je n’avais plus guère mis les pieds depuis longtemps, et j’ai été frappé de constater que l’entrée dans la ville ressemblait comme deux gouttes d’eau à celles de toutes les cités suffisamment importantes pour posséder une zone commerciale ou artisanale. C’est-à-dire à une forêt de panneaux publicitaires, plutôt laids pris individuellement, et carrément hideux quand ils se bousculent pour être vus les premiers. Heureusement, si l’on en croit les médias, cela ne devrait plus durer.

En effet, une disposition de loi, passée presque inaperçue à l’époque, dans le cadre dit du Grenelle de l’environnement 2, est rentrée en application le 13 juillet dernier, soit 5 ans plus tard quand même. Ne me demandez pas pourquoi une telle mesure ne pouvait pas s’appliquer immédiatement, je n’en sais rien, et peut-être personne d’autre non plus. J’ai bien une petite idée, liée au lobby des publicitaires, ou au souhait de ne mécontenter personne tout en donnant l’impression d’agir, mais c’est sûrement mon mauvais esprit coutumier qui reprend le dessus.

Avec la conscience professionnelle qui me caractérise, je me suis donc enquis des dispositions exactes de cette nouvelle réglementation. Première surprise, elle ne concerne que les villes de moins de 10 000 habitants. Les grandes villes, et même les villes moyennes, vont donc pouvoir continuer à polluer leurs abords de panneaux publicitaires agressifs. Mieux, des dérogations seront accordées aux villes de moins de 10 000 habitants qui seraient collées aux grandes agglomérations. D’ailleurs, des dérogations sont prévues pour toute une série de cas particuliers et l’application des mesures se fera très progressivement et en douceur pour les enseignes d’une certaine importance. Non, visiblement, les seuls qui seront frappés immédiatement, ce sont ceux qui précisément ont un besoin vital de cette présignalisation pour être trouvés par leurs clients, comme certaines auberges, cachées au fond de charmantes campagnes, et dont les panneaux ne sont pas forcément parmi les plus moches.

Au fait, la commune de Châteaubriant, que j’évoquais au début, est créditée de 11 905 habitants au recensement de 2012 et pourra donc conserver sa plantation de panneaux d’affichage, qui devrait croître et embellir au fil du temps et des politiques inconséquentes.