Question de confiance
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 15 juillet 2015 10:41
- Écrit par Claude Séné
La semaine internationale aura donc vu la conclusion de deux accords historiques, l’un permettant à la Grèce de rester dans l’euro et dans l’Europe malgré une dette abyssale qui va encore s’accroitre avec le nouveau plan d’aide consenti, l’autre normalisant les rapports entre l’Iran et la communauté internationale moyennant l’abandon d’un programme nucléaire militaire. Dans un cas comme dans l’autre, l’accord repose sur la confiance que peuvent s’accorder mutuellement les signataires sur le respect des dispositions prévues. En ce qui concerne l’Iran, le Premier ministre israélien a fait savoir que l’accord trouvé était une erreur historique, car il ne croit pas un instant à la sincérité des dirigeants perses.
Pas plus qu’il ne croit d’ailleurs à la possibilité d’une paix avec ceux qu’il considère comme des intrus sur leurs propres terres, les Palestiniens, quelle que soit l’organisation qui les représente. Benjamin Netanyahu ne semble pas avoir intégré cette évidence qui veut que l’on ne puisse faire la paix qu’avec ses ennemis. Ce qui n’empêche pas qu’il soit nécessaire de se doter des moyens garantissant l’application de l’accord. Comme disent les Allemands, la confiance, c’est bien, mais le contrôle, c’est mieux. De ce point de vue, l’accord avec l’Iran est beaucoup plus simple à gérer dans la mesure où le pays est resté souverain, et ne devait pas obtenir un compromis à tout prix, même si les enjeux sont d’importance.
L’attitude de la France dans les négociations a été presque diamétralement opposée. Autant elle a poussé, et c’est peu de le dire, à un compromis acceptable avec la Grèce, en insistant sur la nécessité de ne pas humilier son partenaire et en lui manifestant une confiance a priori, autant elle a demandé, et obtenu, des garanties à l’Iran, de telle sorte que l’accord soit réversible en cas de manquement. Dans les deux cas, c’est un succès de notre diplomatie, ce qui n’est pas si fréquent qu’il faille le souligner. En Europe, nous avons pu infléchir la position allemande, et au Moyen-Orient, celle des Américains, prêts à signer un accord moins contraignant. Cela faisait bien longtemps que la voix de la France n’avait pas porté autant. On ne peut que souhaiter que cela dure.