Fêt.nat.
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 14 juillet 2015 10:44
- Écrit par Claude Séné
Il doit encore y avoir des Africains portant ce drôle de patronyme remontant à l’époque où l’on donnait le nom du saint du jour à l’enfant nouvellement né. C’est ainsi que l’ancien dictateur Bokassa avait été affublé du prénom de Jean Bedel, à cause de l’abréviation de Jean-Baptiste de la Salle dans le calendrier colonial. En ce jour de fête nationale, que célébrons-nous ? En principe, la date a été choisie pour commémorer la prise de la Bastille, acte fondateur de la Révolution française, et la fête de la confédération qui a eu lieu un an plus tard.
Une fête nationale qui ne remonte d’ailleurs qu’à 1880, quand la toute jeune troisième république cherchait à fédérer le peuple autour d’elle. Un objectif qui reste pertinent à travers les époques. Personnellement, sans être chauvin, je ne vois pas d’inconvénient à ce que, une fois par an, on célèbre la satisfaction d’appartenir à une nation commune, avec d’autres citoyens partageant les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Je veux bien, même, que le président en exercice profite de l’occasion pour nous envoyer un message, qui, s’il n’est pas dépourvu d’arrière-pensées électorales, peut contribuer à ressouder la nation.
Mais pourquoi faut-il organiser un défilé militaire pour célébrer l’existence de notre pays ? Lorsque la première république issue de la révolution a vu le jour, il est certain qu’elle était entourée de forces hostiles, et il pouvait être justifié de faire montre de son armement. Mais de nos jours, qui menace notre pays ? Les adversaires ne sont plus des états en tant que tels, même si certains revendiquent le terme d’état islamique. Contre le terrorisme, ce ne sont pas les avions Rafale ni les chars d’assaut qui permettront de lutter efficacement, tout le monde en est conscient. Le défilé est là principalement pour faire étalage de sa force et rassurer le bon peuple. Cela avait peut-être une signification à l’époque de la guerre froide quand la droite tentait de faire peur en évoquant l’arrivée prochaine des chars soviétiques sur les Champs-Élysées, mais ce temps est révolu. La survivance de ce défilé militaire à une époque où la menace a changé de nature, évoque irrésistiblement pour moi la déclaration du maréchal Le Bœuf en 1870 selon laquelle il ne manquait pas un bouton de guêtre à notre armée. On connait la suite.