Avis de grand frais
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 13 juillet 2015 10:52
- Écrit par Claude Séné
La politique, c’est comme la météo. Il est toujours plus facile d’établir des prévisions fiables après, qu’avant. Voyez les négociations avec la Grèce. Avant ce week-end, bien malin qui aurait pu prédire un accord entre les dirigeants de la zone euro, qui plus est à l’unanimité, tant les positions des pays d’Europe du Nord, notamment l’Allemagne, semblaient tendre inexorablement vers une sortie de la Grèce. Pire, sous couvert d’un manque de confiance, on pouvait soupçonner une volonté de pousser les Grecs vers cette sortie.
De la même façon que le « parrain » de la mafia fait des propositions que l’on ne peut pas refuser, ces dirigeants avançaient des exigences dont ils semblaient penser que la Grèce ne pourrait pas les accepter. Au point que de nombreux internautes avaient adopté un mot dièse évoquant un coup d’État pour qualifier leur attitude. Je reste d’ailleurs persuadé que l’appartenance de Tsipras à un mouvement d’extrême gauche n’est pas étrangère à la défiance, voire l’hostilité des pays européens, tous dirigés par la droite, à l’exception de la France. Si nous sommes passés de l’avis de tempête à l’accalmie, peut-être provisoire, c’est bien grâce à l’action volontariste de François Hollande, qui a su convaincre Angela Merkel de ne pas endosser le costume de Cruella, malgré son opinion publique.
Il n’est pas très difficile d’imaginer ce qui se serait passé si Nicolas Sarkozy avait été encore président, bien qu’il ait constamment varié dans ses prises de position sur le sujet. Il aurait, comme d’habitude, emboité le pas de la chancelière allemande, ce qui se serait probablement traduit par un « grexit » désastreux pour tout le monde. Ses concurrents de droite, Fillon ou Juppé, n’auraient d’ailleurs pas fait mieux. Tout ce petit monde va maintenant voler au secours de la victoire, à l’exception du Front national, qui avait tout à gagner à un effritement de la zone euro, lui qui prône un retour au Franc contre toute évidence économique.
Reste que si le pire a été évité de justesse, la crise a révélé de profondes dissensions en Europe, qui semble s’éloigner de plus en plus des idées généreuses des pères fondateurs pour se réduire à une communauté d’intérêts où règne la loi du plus fort. Les pauvres grecs n’ont pas fini d’en payer les conséquences.