Tout est bien…

… qui finit bien. Voilà le curieux point de vue d’un présentateur de journal télévisé qui rapporte un fait divers pourtant dramatique pour ceux qui l’ont vécu. Que l’on en juge. Il s’agit du cas d’une enfant de quelques mois, enlevée à ses parents et placée depuis trois ans dans une famille d’accueil, parce qu’un médecin hospitalier l’a crue victime de mauvais traitements. La méprise est navrante, mais l’erreur peut être excusable. En effet, le corps du bébé était recouvert de bleus et traces de contusions, pouvant prêter à confusion.

Là où la machine administrative et judiciaire s’emballe, c’est quand les autorités refusent de vérifier sérieusement l’explication fournie par la maman de la petite Louna. Elle est elle-même atteinte d’un syndrome rare, une maladie héréditaire provoquant des œdèmes pouvant passer pour des traces de coups. Sa fille en est malheureusement atteinte elle aussi. Deux « experts » concluront pourtant à l’absence de maladie pour justifier la mesure administrative de retrait de l’enfant à sa famille. Il faudra que les parents, profitant d’un droit de visite, fassent faire une prise de sang en catimini à leur enfant pour qu’un médecin digne de ce nom établisse enfin avec certitude l’existence de ce syndrome, les innocentant du même fait des suspicions qui pesaient sur eux. Le tribunal correctionnel entérinera cette preuve et permettra aux parents de retrouver leur enfant, non sans précautions pour éviter de rajouter un traumatisme à un autre.

On voit par là qu’il ne faut jamais écarter l’humain des procédures administratives. Il est certes important de préserver l’enfance de tout mauvais traitement, mais la précipitation est mauvaise conseillère. J’ai souvenir d’une affaire similaire où l’enfant était victime du syndrome dit des os de verre, ce qui avait conduit à suspecter les parents d’infliger des sévices entrainant de multiples fractures. À côté de cela, on découvre régulièrement des cas d’enfants réellement maltraités sans que les services sociaux aient agi à temps. Tout est affaire de justesse dans l’appréciation d’une situation.

Les parents de Louna envisagent de porter plainte. Ils en ont le droit légitime. Mais rien ne leur rendra les trois années gâchées qui leur ont été enlevées par une administration aveugle.