Sectarisme
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 9 juillet 2015 10:48
- Écrit par Claude Séné
Je ne sais pas si l’on peut toujours dire avec Karl Marx que la religion est l’opium du peuple, ou, selon la variante de Jacques Prévert, que c’est du dross, un poison de son époque remplacé depuis par des cocktails de stupéfiants en constante évolution, mais de récents incidents me poussent à penser que les évolutions ne vont pas spécialement dans le bon sens. Laissons de côté les violences à l’évidence insensées des propagandistes de la guerre sacrée au nom d’un dieu vindicatif. Chacun conviendra de leur caractère dément et destructeur. Non, je veux parler de la pratique religieuse ordinaire, quand elle est dévoyée par une absence de discernement.
À tout seigneur tout honneur, prenons le rite du ramadan, qui prescrit de ne pas s’alimenter entre le lever et le coucher du soleil pendant le mois lunaire défini par les autorités ecclésiastiques. A priori, une pratique innocente, un jeune rituel permettant aux croyants de manifester leur attachement à une religion. Cela prend une tout autre tournure quand de jeunes assoiffés se sont autorisés à boire une orangeade pour se rafraîchir et qu’ils ont été dénoncés par les témoins de la scène. L’affaire s’est passée il y a peu à Marrakech et les jeunes ont été arrêtés par la police. Au lieu d’une pratique volontaire, on a à faire avec une prescription obligatoire, ne tenant aucun compte des croyances personnelles.
Je vous rassure, selon certains nostalgiques de l’inquisition, la religion catholique n’est pas en reste. J’en veux pour preuve cette pétition lancée par l’écrivain très chrétien et très gaulliste, Denis Tillinac, pour s’opposer à une suggestion, il est vrai maladroite, de transformer les églises désaffectées en mosquées. Le texte s’intitule « touche pas à mon église » et fleure bon le chauvinisme franchouillard mâtiné d’un zeste de pétainisme, qui rappelle les plus belles heures de l’Action française. S’il leur faut un hymne pour leur propagande, je leur suggère vivement « sauvez, sauvez la France, au nom du Sacré cœur ». Ce qui est le plus intéressant dans cette pétition, ce n’est pas tant son contenu, dont on a pu avoir un aperçu au moment des manifestations contre le mariage homosexuel, qui reprend la défense des valeurs traditionnelles, mais les signataires.
L’affaire a été rondement menée pour permettre de trier sur le volet les personnalités qui seraient autorisées à apposer leur paraphe sous ce brûlot réactionnaire. Figurent en bonne place des progressistes avérés comme Éric Zemmour ou Alain Finkielkraut, mais surtout le seul homme politique de droite, qui a pris soin d’évincer ses concurrents de parti et le Front National, pour avoir le monopole du sectarisme le plus clivant. Vous aurez reconnu Nicolas Sarkozy. Qu’il se rassure, nous le lui laisserons.