Si Mahomet…
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 8 juillet 2015 10:56
- Écrit par Claude Séné
Vous connaissez l’expression : si la montagne ne vient pas à Mahomet, Mahomet ira donc à la montagne. La formule pourrait s’appliquer à la crise grecque, où les points de vue semblent si divergents qu’il faudrait une sorte de miracle pour qu’ils s’accordent enfin. Mais c’est à un autre feuilleton qu’elle me fait penser. Voilà des mois que le tunnel du Chambon est fermé à la circulation, parce que la montagne qui le surplombe menace de s’effondrer. Les évènements ont semblé s’accélérer samedi dernier, au point que l’alerte a été lancée pour prévenir les riverains d’un éboulement géant imminent.
Et depuis, l’éboulement est toujours imminent, mais personne n’est en mesure de prédire à quel moment il se produira. Le glissement de terrain se poursuit, mais son rythme aurait tendance à ralentir. Mis à part les désagréments pour la population locale, obligée de contourner l’obstacle par des moyens divers, jusqu’au transport en hélicoptère pour rejoindre leurs lieux de travail, je suis plutôt satisfait à l’idée que de jeunes écervelés, qui avaient l’intention de s’installer comme au spectacle pour admirer la vague de 80 mètres qu’on leur avait promise, en ont été pour leurs frais. Je les imagine mal en effet bivouaquer toutes les nuits jusqu’à l‘éboulement final, dont on n’est même plus certain qu’il sera massif. La montagne pourrait bien décider de s’effriter plus ou moins progressivement, pour embêter les crétins des alpages en mal de sensations fortes.
Ce qui nous ramène à Mahomet et à cette légende, qui ne figure pas dans le Coran. Mis au défi de réaliser un miracle, le prophète aurait prié pour que la montagne se déplace jusqu’à lui, avant de s’en sortir par une pirouette en déclarant que ce serait donc lui qui irait à la montagne. Épisode rapporté par le philosophe anglais Francis Bacon, qui a été repris par D’Alembert dans une lettre à Voltaire, et qui a probablement inspiré Paul Féval dans la célèbre réplique du Bossu : « si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ». Puisqu’il est prouvé qu’au moins une montagne peut se déplacer, il ne reste plus qu’à espérer que contrairement au proverbe qui veut que les montagnes ne se rencontrent jamais, les points de vue grecs et européens finissent par se rapprocher.
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