Place aux juifs… 2
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 4 septembre 2022 11:05
- Écrit par L'invitée du dimanche
Élie Kakou, celui-là est un juif sépharade, père d’origine algérienne, mère franco tunisienne, né en Italie en 1960, émigré à Marseille, élevé dans la plus pure tradition juive. Il part en Israël pour effectuer son service militaire, à son retour il est animateur au Club Med, puis fait des études de prothésiste dentaire dont il obtiendra le diplôme, mais parallèlement il fait des prestations dans les cabarets de Marseille. Il tente sa chance à Paris début 90 au « Point-virgule » où il restera huit mois, et au « Plateau 26 ». Repéré par un agent, il enchaîne les représentations, les salles prestigieuses lui sont ouvertes : l’Olympia, le Zénith en 1994.
Ses sketches avec ses personnages juifs hauts en couleur font son succès, il ose la caricature de la mère juive tunisienne avec Madame Sarfati dont le déguisement grossier de mère débordante est inoubliable : « je ne suis pas grosse je suis dilatée », « mariée à 16 ans, elle a eu 12 enfants, elle les a tous mariés, sauf la dernière, Fortunée, qui lui reste sur les bras. Les tentatives pour lui trouver un mari feront l’objet de plusieurs sketches, dont l’un se déroule au kibboutz, occasion rêvée de quelques critiques bien senties sur la société israélienne.
Son professeur en soutane est largement inspiré de sa propre histoire au lycée Saint-Charles où il a fait sa scolarité, là encore la caricature est évidente sur le monde de l’éducation chrétienne.
Atteint du sida, qu’il a laissé ignorer à tout son entourage, il meurt d’un cancer du poumon en 1999 après avoir fait une carrière comme un météore, il reste inoubliable car unique.
Patrick Timsit, juif d’origine berbère né à Alger en 1959, émigré en France pendant la guerre, essaiera une carrière d’agent immobilier tout en suivant des cours du soir, pour enfin se lancer dans un one-man-show à Avignon :« les femmes et les enfants à mort ».
Il pratique l’humour noir avec un ton corrosif, il ose aborder les sujets délicats, de la politique, du racisme, du monde de la santé, du conflit israélo-palestinien, de la défense pour les droits des homosexuels… toujours provocateur il raille les roms, les nazis, les marseillais, les machistes… Avec son humour juif pied-noir le sens de la dérision, de l’autodérision, il flirte avec la limite de l’absurde.
Une fois dans un spectacle il choque le monde des handicapés quand il dit « les mongoliens c’est comme les crevettes roses, à part la tête tout est bon » il s’en suivra un procès qui se conclura par un accord avec la création d’une association de défense des handicapés, il explique que c’était du second degré permettant de dénoncer l’ignominie de certains personnages.
il en tirera un spectacle « on ne peut pas rire de tout ».
Peut-on rire des Roms ? Oui ils ne peuvent pas t’attaquer en justice, s’ils rentrent dans un commissariat ils ne sont pas sûr d’en sortir »
« On peut rire des handicapés ? Oui, mais ça coûte cher, pour les nains c’est moitié prix ! »
Il a délaissé le one-man-show pour une carrière d’acteur, de réalisateur et producteur, peut-être reviendra-t-il un jour nous offrir sa vision décalée et sans concession de notre société !
L'invitée du dimanche