Un neurone pour deux
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 24 septembre 2014 10:58
- Écrit par Claude Séné
Ce n’est pas beaucoup, mais c’est mieux que rien. Je vous emmène aujourd’hui dans les coulisses de l’interview-choc de dimanche dernier, entre un ex-président et un présentateur vedette. Oui, parce que, à un moment, avec ces deux-là, on ne sait plus qui interroge l’autre.
Entre le petit Nicolas qui passe son temps à prendre à témoin son interlocuteur en lui posant des questions auxquelles on ne peut répondre que par la négative, du style : « est-ce que vous croyez vraiment… », et Laurent Bellemèche, dont les questions à rallonge sont de longs plaidoyers visant à démontrer la finesse de ses analyses et obliger son interlocuteur à les confirmer, le téléspectateur a bien du mal à retrouver ses petits. Ne vous inquiétez pas, je suis là pour ça. Je voudrais donc revenir sur une séquence de l’émission qui devrait devenir culte sous le nom de la scène des neurones.
De quoi s’agit-il ? Au bout d’une séquence interminable de bavardage, Lolo se décide enfin à poser la question qui fâche sur les affaires judiciaires, dont on imagine sans peine qu’elle a dû être soigneusement négociée avec le staff du candidat président (à ne pas confondre avec le président candidat qu’il était en 2012). D’ailleurs, Nico ne feint même pas d’être surpris par la question, ne se drape pas dans sa dignité froissée, ne s’offusque pas d’être pris à partie comme un vulgaire malfaiteur, non, il prépare sa réponse en faisant durer le suspense et lâche finalement son argument massue : « est-ce que vous me prêtez deux neurones d’intelligence ? » Et là, c’est le contrechamp sur l’intervieweur qui est important. L’écran est séparé en deux, ce qui permet de voir en même temps les deux interlocuteurs. Lolo est dans son attitude habituelle, le menton dans la main, en mode attention bienveillante, et brusquement il passe en mode panique, qu’il dissimule sous un regard impénétrable.
Deux neurones ? Est-ce que j’ai deux neurones ? Et si oui, est-ce que je peux me permettre de les prêter ? Est-ce qu’il me les rendra ? Avec les politiques, il vaut mieux se méfier, surtout quand ils sont mis en examen. Si ça se trouve, il s’apprête à visiter le quartier VIP de la prison de la Santé sans attendre les prochaines journées du patrimoine. Trop de questions en même temps, et c’est le drame : les deux neurones se touchent, Lolo passe en mode bug, les yeux dans le vague. La caméra, charitable, s’éloigne, Nico occupe tout l’écran, le temps de faire un hard reset sur le présentateur qui reprendra finalement son rôle de faire-valoir. On l’a échappé belle.