Hellas
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 6 juillet 2015 10:43
- Écrit par Claude Séné
Trois fois Hellas ! ont-dû se dire les dirigeants européens qui avaient parié sur une victoire du oui au référendum en Grèce, qui aurait entraîné une démission de l’empêcheur d’austériser en rond en imposant le modèle libéral, quoi qu’il en coûte au peuple grec. En répondant massivement non, les Grecs confortent le Premier ministre et envoient un signal en forme de camouflet à tous ceux qui ont tenté de détourner la question en la transformant en adhésion ou rejet de la construction européenne. Une position qui rappelle étonnamment la situation de 2005, quand tous les médias et toutes les soi-disant élites appelaient à approuver le projet de constitution européenne, en prédisant le chaos en cas de refus.
On sait ce qu’il advint du résultat de ce vote populaire et la façon dont les dirigeants se sont joyeusement assis sur la démocratie en imposant une approbation par la voie parlementaire quand le peuple, en principe souverain, s’était déjà prononcé. Il sera plus difficile de faire admettre au peuple grec que l’accord mis à la porte avec vigueur pourrait revenir par la fenêtre. À moins que les faucons de l’euro groupe décident de faire revoter les Grecs jusqu’à ce qu’ils se prononcent en faveur de leurs positions, comme ils l’ont imposé aux Irlandais.
Reste que le référendum, comme annoncé et quelque résultat qu’il ait donné, ne règle rien à lui tout seul. Il faut impérativement que les responsables grecs et européens se retrouvent rapidement autour de la table des négociations, avec une volonté partagée d’aboutir à un compromis. Les éléments techniques, concernant les taux de TVA par exemple, ne sont pas si éloignés. La question est de trouver un accord politique. Alexis Tsipras a fait un premier pas en offrant la tête de son ministre des Finances, jugé par beaucoup trop exigeant et provocateur. Il faudrait qu’en retour les créanciers de la Grèce fassent un geste en acceptant enfin le principe d’un rééchelonnement de la dette, qui laisserait quelque espoir au pays de s’en sortir un jour. Admirons au passage le courage de Nicolas Sarkozy, qui n’hésite pas à sacrifier 11 millions de Grecs sur l’autel du libéralisme roi, faisant preuve d’une très courte vue sur le plan géopolitique. Mais que pouvions-nous en attendre d’autre ?