L’été de la « Polésie »

C’est ainsi que la petite fille de Pierre Desproges appelait les poèmes que la maîtresse leur apprenait pour la fête des Mères : « la maîtresse s’y connaît en Polésie ». Je ne chercherai pas, comme lui avec l’enfant, à vous apprendre comment rimer : « je m’appelle Marine, j’aime ma maman, elle est dans la marine comme c’est embêtant » ! Je propose juste cet été, après celui de l’herborisation, puis de l’évasion dans les îles, de visiter ou revisiter les poètes les plus connus ou totalement inconnus de vos services. La démarche semble aisée, et convenir tout à fait à l’humeur du temps, après presque un mois de mise au vert pour cause d’absence du chef, il faut bien que je me remette en douceur à mon clavier.

Mon choix d’aujourd’hui ne m’a posé aucun problème puisque depuis une semaine le contenu des conversations tourne autour de deux thèmes, la Grèce et la canicule ! Je laisse le traitement du  premier à l’analyste politique, et je m’en voudrais donc de ne pas aborder le second avec l’élégance d’Anna de Noailles*. En évacuant les aspects triviaux de déshydratation ou autres désagréments, retrouvons un regard serein sur ce bienfait de la nature.

Chaleur

Tout luit, tout bleuit, tout bruit,

Le jour est brûlant comme un fruit

Que le soleil fendille et cuit.

Chaque petite feuille est chaude

Et miroite dans l’air où rôde

Comme un parfum de reine-claude.

Si du soleil comme de l’eau pleut

Sur tout le pays jaune et bleu

Qui grésille et oscille un peu.

Un infini plaisir de vivre

S’élance de la forêt ivre,

Des blés roses comme du cuivre.

Anna de Noailles

Anna de Noailles, d’origine gréco-roumaine née princesse de Brancovan à Paris en 1876, décédée en 1933, est devenue comtesse de Noailles par son mariage. C’est une poétesse et une romancière contemporaine, lauréate du grand prix de littérature de l’Académie française en 1921, auteur de très nombreux recueils, première femme à être nommée commandeur de la Légion d’honneur en France, première femme à être admise à l’Académie royale de Belgique. Après les symbolistes et les parnassiens, elle serait plus proche du romantisme de Musset ou Lamartine, elle n’appartient à aucune école littéraire, pour elle la poésie c’est l’art de la suggestion et de l’évocation… Si votre curiosité est éveillée, les sources ne manquent pas pour aller plus avant dans sa découverte.

 

L’invitée du dimanche