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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 4 juillet 2015 10:40
- Écrit par Claude Séné
En France, il est en principe interdit de commenter une décision de justice. Cependant, le verdict prononcé dans le jugement de Dominique Cottrez présente la particularité d’être accueilli positivement par toutes les parties en cause, ce qui est rarissime, et mérite que l’on s’y arrête un moment. Cette ancienne aide-soignante de 51 ans comparaissait pour l’infanticide de 8 de ses nouveau-nés, à la suite de grossesses non déclarées. Elle encourait une peine de 18 ans de prison, ce qui a fait passer la condamnation à 9 années de réclusion pour une mesure de clémence.
Il faut quand même se représenter ce que signifient 9 ans de privation de liberté, à supposer qu’elle exécute intégralement sa peine, ce qui est assez peu probable. Il s’agit d’une épreuve très difficile, dont on peut se demander quelle sera la valeur, s’agissant d’une personne qui n’a manifestement pas mesuré la portée de ses actes. Car c’est bien là tout l’enjeu de ce procès hors norme. Les experts se sont succédé à la barre pour tenter d’éclairer le jury sur la personnalité de l’accusée et les motivations qui l’avaient poussée dans cet engrenage. L’un d’eux a eu l’honnêteté de reconnaitre que tout le monde essayait d’introduire de la rationalité dans un comportement qui en était dépourvu.
À cet égard, le tournant du procès a sans doute été l’aveu de l’accusée sur un mensonge qui paraissait lui offrir une ligne de défense acceptable pour les jurés. Elle avait en effet prétendu que ses grossesses étaient le fruit de relations incestueuses avec son propre père et qu’elle craignait des malformations dues à la consanguinité. En reconnaissant la fausseté de cette allégation, elle s’en remettait finalement au jugement d’actes dont elle ignorait elle-même la justification. Et c’est peut-être cette position de faiblesse et de désarroi qui lui a valu la clémence relative du verdict.
On reste cependant perplexe devant une telle décision de justice. Si l’on admet que Dominique Cottrez a été très largement dépassée par les évènements et qu’elle ne peut pas être considérée comme pleinement responsable de ses actes, alors une peine de 9 ans parait sévère, quand on sait qu’un crime passionnel se solde souvent par une peine inférieure. Car c’est bien là tout le problème de la justice : le code prévoit une fourchette tellement large qu’il est bien difficile de trouver une cohérence dans la hiérarchie des peines effectivement infligées. Certains y verront le verre à moitié plein, les autres…