Fin du terrorisme « à la papa »

Les hasards du calendrier font que nous avons appris le décès de l’ancien ministre gaulliste Charles Pasqua quelques jours après la terrible journée où des attentats ont frappé la France, la Tunisie et le Koweït, provoquant des scènes de guerre que l’on croyait réservées aux zones de conflit armé de Syrie ou d’Irak. Quand il était ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua s’était fait fort de combattre les organisations terroristes qui œuvraient déjà sur le territoire national en proclamant haut et fort qu’il allait « terroriser les terroristes ».

 

Si l’on met de côté le caractère fanfaron du personnage, la déclaration pouvait présenter une certaine crédibilité dans la mesure où les réseaux, bien que clandestins, pouvaient faire l’objet d’une surveillance plus ou moins efficace. Peu nombreux, relativement bien identifiés, les activistes tels que Carlos, tout en restant très dangereux, pouvaient être suivis à la trace.

La situation a changé du tout au tout avec la radicalisation plus ou moins spontanée de candidats à la guerre sainte, qui s’exilent volontairement pour participer au jihad, ou restent dans leur pays pour commettre des attentats dont la barbarie nous semble inédite, par la personnalisation et l’absence de tout sentiment humain. Un poseur de bombe n’ignore pas que son geste va causer la mort de dizaines de personnes, mais cet homme qui tue un à un les touristes sur la plage de Sousse, sans manifester la moindre émotion, pas plus que les tueurs de Charlie Hebdo ou de l’hyper casher, semble d’une autre espèce que la nôtre. Contre cette sorte de fanatisme, dissimulé aux autres, il n’est que peu de parades. Bien sûr, la police touristique tunisienne aurait pu être plus nombreuse, mais peut-elle être partout ? Bien sûr, la DGRI française peut augmenter ses effectifs pour surveiller plus de suspects potentiels, mais elle ne pourra jamais empêcher un fou de se lever un matin avec l’intention de décapiter son patron et de faire sauter une usine de produits dangereux. Il faut se rendre à l’évidence, nous ne vivons plus dans le même monde que celui que Charles Pasqua vient de quitter.