Au sec, Adriana, au sec !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 1 juin 2015 10:25
- Écrit par Claude Séné
Quand j’ai commencé ma carrière de lecteur autonome, j’attendais avec impatience toutes les semaines l’arrivée du petit journal illustré, l’Intrépide, dans lequel je dévorais des aventures d’Indiens et de cow-boys. Comme j’étais un autodidacte, il y avait quelques lacunes dans ma compréhension et quand le héros s’écriait « au sec ! », je m’imaginais qu’il devait être mouillé sans réaliser qu’il n’avait pas eu le temps de terminer son appel au secours. Et pourquoi Adriana ? Mais parce que depuis quelques années, elle met sa beauté et sa notoriété au service d’une grande cause humanitaire, la Croix-rouge.
Et justement, l’ONG française s’est trouvée placée dans une tourmente médiatique après la révélation des entorses au droit du travail qu’elle fait subir à ses salariés. Quand en 2006 le spot appelant aux dons mettait en scène Adriana Karembeu montrant comment solliciter la générosité du public, le slogan qui disait « si Adriana n’est pas là, c’est Robert qui s’en chargera » ne précisait pas que Robert était souvent un salarié, taillable et corvéable à merci, dépassant ses horaires sans compensation financière ni récupération. Que l’administration, alertée par un syndicat, vienne mettre un peu d’ordre dans ces pratiques douteuses me parait très salutaire. En revanche, je ne suis pas satisfait de savoir qu’une partie du petit billet que j’ai glissé la semaine dernière dans l’urne de Robert sert à payer l’amende de 11 millions d’euros qu’il est question d’infliger à l’association.
Autant je suis d’accord pour taper au portefeuille dans le cas d’entreprises à but lucratif qui ne respectent pas les lois, autant je trouve stupide de pénaliser les bénéficiaires d’une organisation caritative en la ponctionnant sans bénéfice pour qui que ce soit. Il serait plus utile de rétablir ces salariés dans leurs droits et de les indemniser. Un autre enseignement de cette situation, c’est que les ONG s’apparentent de plus en plus aux multinationales, cédant aux mêmes errements et à une gestion bureaucratique. Le parcours de Martin Hirsch en est une illustration flagrante. Après avoir mis son expertise au service des communautés d’Emmaüs, et un passage au gouvernement Fillon, cet énarque dirige l’Assistance publique et les hôpitaux de Paris, en appliquant partout les mêmes recettes, qui lui valent aujourd’hui un mouvement de contestation sans précédent.
Il y en a assez de tous ces Robert technocrates qui laissent leurs convictions au vestiaire. Au sec, Adriana !
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