Les nouveaux envahisseurs

Avec mon propos de dimanche dernier, j’ai déterré un lièvre… dépassant très largement le problème des ateliers clandestins de confection chinois qui fleurissent dans le 10e arrondissement de Paris, aussi bien qu’à Aubervilliers exploitant outrageusement une main-d’œuvre asiatique captive, l’emprise économique chinoise, non seulement sur l’Europe, mais sur le monde entier, prend des proportions impressionnantes.

Je commencerai par le petit bout de la lorgnette avec l’exemple de la France, qui a donc laissé une diaspora chinoise puissante s’installer dans les friches à Aubervilliers. L’un des pionniers de ce plus grand centre d’affaires européen du vêtement, Hsueh Sheng Wang est propriétaire de la moitié du port du Havre depuis 2011, il possède un des plus grands golfs de la région parisienne, et va bientôt lancer, avec l’accord du CSA, sa chaîne de télévision. Il peut illustrer l’invasion de l’argent chinois en France. Il faut y ajouter l’achat de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, la chaîne du Louvre hôtels, le Club Méditerranée, la prise de 14 % dans le capital de PSA Peugeot Citroën, l’usine de lait en poudre de Carhaix, la chaîne Campanile, jusqu’à notre Justin Bridou et notre Cochonou, nos prestigieux vignobles et j’en oublie sans doute, voilà comment, insidieusement, la Chine s’immisce dans l’économie française et ce n’est pas fini…

Un coup d’œil en Afrique, où la Chine investit fortement afin de sécuriser ses approvisionnements en matières premières. Les investissements chinois se montent en 2013 à 200 millions de dollars, deux fois plus que les investissements américains. Elle participe au développement des grandes infrastructures, comme un barrage en Éthiopie ou le pipeline au Soudan ou au Tchad, la construction d’un port au Kenya, d’une ligne de train ou même du nouveau siège de l’union africaine !

Aucun continent n’est à l’abri de l’invasion des capitaux chinois, aux USA on les retrouve dans les investissements en énergie sur le gaz et le pétrole de schiste, et dans le secteur alimentaire à coups de millions de dollars.

Forte de détenir la plus grande réserve de devises étrangères au monde, le yuan étant la deuxième monnaie mondiale pour les paiements commerciaux, soutenue par tous les pays asiatiques, Japon, Inde, Thaïlande… elle a créé une banque asiatique d’investissements en 2014, l’AIIB,  pour concurrencer le FMI et la banque mondiale qui se voient contourner. En effet, les intérêts financiers étant les plus forts, l’Australie, Israël puis la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Italie ont accepté d’être actionnaires dans cette institution, faisant basculer le rapport de force économique mondial.

En contrepartie, le marché chinois est lui-même en forte demande, entre autres de technologies nouvelles, et nombreux sont les partenaires qui veulent y investir espérant ainsi trouver un équilibre entre les différents courants commerciaux.

On vit peut-être « le péril jaune » évoqué au début du XXe siècle, exprimant le danger que les peuples d’Asie surpassent les blancs et gouvernent le monde, à moins que cela s’appelle la mondialisation, où le chaos du monde nait de l’insatiable appétit des puissants ? Espérons que les humbles veillent au grain…

L’invitée du dimanche