Le cri du chameau
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 29 mai 2015 10:25
- Écrit par Claude Séné
Ami lecteur cultivé, tu me vois venir avec mes gros sabots de camélidé, contrairement au dromadaire qui a les pieds plats et une seule bosse. Car tu sais, et cela t’amuse depuis l’école primaire, que le chameau blatère. Cela ne t’étonnera donc pas que le président de la FIFA, Joseph Blatter, ait poussé son cri d’innocence outragée en pleine tourmente d’un scandale de corruption avec lequel il prétend contre toute évidence n’avoir rien à voir. Pendant les affaires, les affaires continuent.
Comme le disait Luis Régo en avocat d’opérette au tribunal des flagrants délires : « de quoi est-ce qu’on accuse-t-on mon client ? » oh, des broutilles ! Quelques malheureux millions de dollars de pots-de-vin pour l’attribution des coupes du monde, autant pour les droits marketings, des achats de votes, la routine quoi. Le tout étalé sur une période d’environ 25 ans. Étant donné que Sepp Blatter a été élu président à vie de la FIFA seulement en 1998, il n’a pas créé le système, mais il en a hérité et il n’a pas l’intention de le lâcher puisqu’il brigue un cinquième mandat. Devant l’énormité des révélations et les interpellations de 14 responsables de son organisation, sa seule défense a été de prétendre qu’il ne pouvait pas « surveiller tout le monde ». C’est intéressant. Cela voudrait dire qu’à part lui, tout le monde est corrompu, ce qui n’est peut-être pas entièrement faux. Après tout, il est le mieux placé pour le savoir. Il aura quand même du mal à persuader les juges américains et l’opinion internationale que le Parrain en personne n’était pas au courant des agissements des simples mafiosi.
Pourtant, tous les spécialistes s’accordent à penser qu’il sera réélu aujourd’hui, et largement, parce que le système de corruption qui marche si bien pour l’attribution des activités lucratives n’a aucune raison de s’arrêter à la porte des isoloirs. Je dirais même, au contraire. L’un ne va pas sans l’autre. Il y a bien Michel Platini, qui combat Blatter et peut compter sur le soutien de l’UEFA qu’il préside, mais il a soutenu la candidature du Qatar pour la coupe du monde de 2022 contre toute logique sportive. On peut donc le suspecter de vouloir surtout être calife à la place du calife, et ne garantit pas des pratiques plus saines.
Ce que l’on espère en priorité, c’est quand même que la FIFA déblatère enfin.