Le discours d’un président
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 28 mai 2015 10:26
- Écrit par Claude Séné
On qualifie souvent notre régime de monarchie républicaine. À ce titre, l’exercice du discours solennel à l’occasion de l’entrée au Panthéon de quatre grandes figures de la Résistance, pouvait s’apparenter au défi relevé par Georges VI d’Angleterre, quand il avait dû surmonter sa timidité maladive et un bégaiement tenace pour s’exprimer en public sur les ondes de la BBC et annoncer l’entrée en guerre de son pays contre l’Allemagne nazie en 1939. Sans être handicapé de la parole, François Hollande n’est pas précisément ce que j’appellerais un tribun, capable de galvaniser les foules par la seule puissance du verbe.
Il faut bien reconnaitre que cette façon de faire de la politique n’est plus au goût du jour. La tentation de comparer son discours à celui de Malraux pour Jean Moulin ne doit pas faire oublier qu’au-delà du texte, dramatisé à dessein, se faisait entendre la grandiloquence de l’orateur, que l’on trouverait excessive aujourd’hui. François Hollande a tenu à mettre lui-même la dernière main à ce discours pour lequel il s’est entouré de la caution morale incontestable d’historiens réputés. Cela tranche avec les habitudes de recourir aux services de « plumes », nouvelle appellation pour la fonction ancienne de « nègre » ou « d’écrivain fantôme » comme disent les Anglo-saxons. Jusqu’au fameux discours de Dominique de Villepin à l’Assemblée générale de l’ONU en 2003 pour s’opposer à l’intervention en Irak, dont la genèse est racontée dans le film de Tavernier, Quai d’Orsay, qui n’était pas écrit par celui qui en endossa la paternité.
La logique de cette façon de faire trouve son épanouissement quand le président Sarkozy prononce à Dakar un discours dont il n’a manifestement pas mesuré toutes les implications, grâce auquel la France risque de se fâcher durablement avec la moitié des pays de la région, tant il est maladroit avec « l’homme africain ». Mais cette étape est déjà derrière nous. Le Sarkozy nouveau fait écrire ses discours par des gagmen, une blague à la minute, comme dans une émission de Cyril Hanouna, et pas beaucoup plus haut que le caniveau.
Par parenthèse, les anciens présidents de la République étaient invités à assister aux cérémonies d’hommage. Giscard a décliné l’invitation, Chirac était au Maroc, mais Sarkozy a fait plus fort en sortant une excuse du genre : « je peux pas, j’ai piscine », prétextant des engagements antérieurs. Merci pour la leçon de républicanisme.
Commentaires
qu'il prenne garde à ne pas se noyer ou à déraper sur neige trop dure...