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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 27 mai 2015 10:46
- Écrit par Claude Séné
Le rapport remis au gouvernement sur l’avenir des trains Intercités établi par la commission présidée par Mr Duron est clairement inspiré par la recherche de la rentabilité et l’ouverture à la concurrence préconisée par la Commission européenne comme remède à tous nos maux. Poser la question de la rentabilité, c’est y répondre. C’est donc sans surprise que l’on apprend la proposition de supprimer 4 trains de nuit et un certain nombre de liaisons entre villes de moyenne importance, insuffisamment fréquentées.
Parmi ces lignes, une me tient particulièrement à cœur parce qu’elle évoque des souvenirs, pas forcément heureux, mais embellis par le temps, c’est le train Nantes Quimper, qui vit probablement ses dernières heures. Quand je l’empruntais dans les années 60, il n’était guère éloigné des conditions de sa création, une centaine d’années plus tôt, quand il s’appelait encore le Savenay Landerneau, bien avant la naissance d’Édouard Leclerc. C’était encore un tortillard qui desservait la Bretagne profonde : « Rosporden, Rosporden, 3 minutes d’arrêt ! » je ne me souviens plus du temps exact qu’il me fallait pour rallier le foyer familial, d’autant qu’il fallait ensuite attraper le Quimper Brest, mais c’était une véritable expédition, à côté de laquelle les 5 heures en voiture paraissaient très rapides. Mais les voitures étaient chères et le train remplissait sa fonction.
J’ai bien conscience que les temps ont changé et que la demande s’est déplacée vers les lignes à grande vitesse, très pratiques pour les grandes distances, mais qui ne peuvent pas desservir toutes les villes, sous peine de ralentir excessivement leur desserte. Ce mouvement ne date pas d’hier et je souhaite bien du courage à qui veut rallier Poitiers à partir de Nantes, un trajet qu’il faut faire en autocar depuis la suppression de la ligne SNCF. La vocation d’une société nationale devrait être de mettre à la disposition du public un service universel, calqué sur le modèle historique des services postaux. Imagine-t-on qu’une lettre soit refusée par la poste, sous prétexte qu’elle serait adressée à une personne vivant dans un hameau isolé, et que les frais engendrés par son acheminement dépassent le prix du timbre collé sur son enveloppe ? C’est pourtant l’équivalent de ce que propose la commission Duron. Se débarrasser des services non rentables, en les ouvrant à la concurrence. Et quelle entreprise privée serait assez inconsciente pour investir à fonds perdu à la place de la collectivité ?