Le référendum pour tous
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 22 mai 2015 11:07
- Écrit par Claude Séné
Vous vous souvenez, c’était la revendication essentielle des opposants au mariage entre personnes du même sexe pendant les défilés de la « Manif pour tous », assez mal nommée puisque ne représentant que les franges les plus réactionnaires de la population. Le gouvernement n’a pas fait droit à cette demande, sans doute à juste titre, pour ne pas envenimer encore plus un débat qui exacerbait les divisions et risquait de renforcer l’homophobie. Cependant, l’issue d’une telle consultation ne serait peut-être pas celle que s’imaginent les adversaires de la réforme.
J’en veux pour preuve l’exemple de l’Irlande qui vote aujourd’hui par référendum sur l’inscription dans la constitution du mariage entre deux personnes « sans distinction de sexe », selon la formule adoptée par le parlement. Contre toute attente, la question passionne les foules qui se sont inscrites en masse pour aller voter et le oui est donné gagnant par tous les instituts de sondage. Une surprise dans ce pays très catholique où l’avortement est toujours illégal et le divorce n’a été acquis en 1995 que par une très courte majorité.
Maintenant que la fièvre des Barjot, Boutin et compagnie est retombée et que les meneurs les plus enragés des manifestations sont retournés sagement dans leurs familles traditionnelles faire leurs petits selon le règlement et hors de la débauche et du péché, qu’observons-nous dans notre beau pays, la France ? On nous avait prédit, et même promis, un pays à feu et à sang, où la société ébranlée dans ses piliers les plus profonds ne se serait jamais remise du cataclysme que la loi scélérate qui permet aux « anormaux » de s’aimer au grand jour et légalement, allait immanquablement provoquer. Eh bien, on l’attend toujours.
Le nombre de mariages, qui a tendance à baisser, a légèrement remonté. Il n’y a que 4 % d’unions entre personnes du même sexe, loin du raz-de-marée apocalyptique annoncé, et la situation est en voie de normalisation. Plus de 6000 communes ont organisé des mariages gays et il s’est toujours trouvé un adjoint pour le célébrer quand le maire avait des problèmes de conscience. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, d’autant plus que l’Église protestante vient de décider qu’elle pouvait bénir les couples homosexuels, si l’on ne constatait pas en parallèle une installation préoccupante des actes homophobes. Et là, ce sera plus difficile.