Ils l’ont dit…

« Il n’y a pas pire que d’être beau, riche et célèbre à 20 ans ». Ne cherchez pas. Ce n’est pas une citation d’Arthur Rimbaud à qui l’on aurait pu pardonner une licence poétique en contrepartie des chefs d’œuvre qu’il a laissés à la postérité. Malheureusement, cette sottise est à mettre au « crédit »  de Philippe Lellouche, bien connu dans sa cuisine pour présenter une émission automobile consistant à rechercher les défis les plus stupides du PAF, à laquelle vous avez probablement échappé.

En fait, Philippe Lellouche n’est ni beau ni célèbre et il est plus près de la cinquantaine que de la vingtaine. Il fait allusion au « calvaire » de son épouse, une ancienne starlette justement oubliée, qui a eu son quart d’heure de gloire auprès des ados boutonneux dans les années 90, Vanessa Demouy. On pourrait facilement lui objecter qu’être moche, pauvre et anonyme à 20 ans en risquant de le rester toute sa vie n’est pas un sort particulièrement enviable non plus, mais je préfère lui opposer le triste destin d’une autre victime dont j’ai découvert tardivement le sort misérable qui lui a été réservé par un destin funeste.

Il s’agit d’Henri Proglio, dont j’ai le pénible devoir et la tristesse de vous informer qu’il serait considéré, selon ses propres termes, comme « un guignol, un espion, un goinfre, un traître… » Je dois à la vérité de dire que je n’aurais pas trouvé mieux moi-même. Je regrette seulement qu’il se soit arrêté en si bon chemin, et qu’il n’ait pas, tel Cyrano, continué à se servir les compliments que sa conduite pourrait susciter chez ses puissants ennemis. Jugez plutôt. Henri Proglio, le pauvre homme, a été obligé de renoncer à la direction de Thalès, entreprise française stratégique, du fait de l’acharnement du ministre de l’Économie à vouloir lui épargner un conflit d’intérêts avec son autre employeur, russe celui-là, mais dont la déontologie lui aurait sûrement interdit d’exercer la moindre pression à son profit sur le dirigeant français. On reprocherait en haut lieu à Henri Proglio, le pauvre homme, d’avoir des sympathies pour l’ancien président qui l’avait nommé PDG d’EDF. C’est bien mal connaitre le capitaine d’industrie, qui n’a visiblement aucune reconnaissance du ventre et se contente d’accumuler les tartines beurrées aussi longtemps qu’on ne l’en empêche pas. Il se consolera avec ses nombreux jetons de présence, bien mérités.