B… comme Barbare

Aucun d’entre vous n’a oublié l’annonce par vidéo de l’exécution des deux otages anglais et américain par décapitation par l’organisation l’État islamique ! Le sentiment d’horreur que ces actes ont provoqué a été ressenti par chacun, grand ou petit de ce monde, et leurs auteurs ont été qualifiés de barbares.

Je n’aurais pas la prétention de vous faire un cours d’histoire, mais il peut être intéressant de revenir sur le sens de ce mot.

 

À l’origine, étaient considérés comme barbares par les Grecs, ceux qui ne parlaient pas correctement la langue puis, par extension, le terme s’est appliqué à tous les étrangers à la civilisation grecque et romaine. À partir du troisième siècle avant Jésus-Christ, jusqu’au XIVe siècle, des peuples venant de l’Europe du Nord et d’Asie se sont vus contraints d’investir de nouveaux territoires, soit pour des raisons de croissance démographique, soit pour des raisons climatiques. Ces peuples, Huns, Wisigoths, Vandales, Germains… furent appelés barbares, car étrangers à la civilisation chrétienne. Il n’y a aucun doute que ces invasions furent l’occasion d’actes cruels, meurtriers, méritant le terme de barbarie, mais l’Empire romain saura très bien mener avec eux une coexistence pacifique, leur permettant leur installation, en leur concédant des territoires et créant ainsi une mosaïque de royaumes romano-barbares avant sa chute en 474. Par exemple les Francs investissant la Belgique et les Pays-Bas, les Burgondes Lyon et la Suisse, les Wisigoths la Méditerranée occidentale, et avant sa disparition l’empire d’Orient aura transmis une partie de sa civilisation et de ses savoirs aux  envahisseurs slaves, Turcs, et Arabes, permettant ainsi un mélange de cultures, et pourquoi pas la pratique de la tolérance.

Le barbare au cours des siècles a donc perdu un peu de sa menace, pour ne plus être que « l‘autre », « l’étranger », celui « qui n’est pas de son usage » comme dirait Montaigne, mais voilà qu’à l’ère de tous les progrès technologiques, le sens primitif de barbare nous revient en pleine figure et cette fois de l’Est. Il définit à nouveau, tout groupe ou individu capable d’actes cruels inhumains, violents, aux mœurs rustres et primitives tels que les membres de l’état islamique.

Un peuple barbare peut être très doux, un peuple très civilisé peut être barbare écrivait Mérimée, cela paraît très vrai aujourd’hui. Ces meurtres insoutenables pourraient-ils permettre aux grandes nations dont l’Amérique (elle qui entre autres pratique encore les exécutions capitales et ne ferme pas Guantanamo) de s’interroger sur leurs propres barbaries plus subtiles*, car moins visibles, souvent infligées aux nations les plus faibles et sur les causes qui ont permis ces nouvelles invasions barbares, afin d’y trouver une parade !

L’invitée du dimanche

*En Guinée la population agresse les représentants de MSF, qu’elle accuse de propager le virus Ebola, se souvenant d’expériences médicales illégales pratiquées l’an dernier et ayant provoqué des morts… si ce n’est pas une forme de barbarie, que je sois pendue !!!