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Cet âge est sans pitié
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 25 octobre 2021 10:46
- Écrit par Claude Séné
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Depuis La Fontaine et sa fable des deux pigeons, l’expression est devenue proverbiale. Si le mot a fait mouche, c’est probablement qu’il recouvre une certaine réalité. J’ai moi-même eu l’occasion de le vérifier à maintes reprises en fréquentant les cours de récréation. J’ai souvenir notamment d’un petit garçon de 5 ou 6 ans, mais si chétif qu’il en paraissait 3 ou 4 tout au plus, que les enseignants de l’école avaient mille misères à protéger des autres enfants, qui semblaient mettre un point d’honneur à le martyriser machinalement, sans même avoir l’air d’y penser.
Cette cruauté ordinaire a pris une forme nouvelle avec le développement des réseaux sociaux et d’Internet. Si le harcèlement physique, en direct, existe toujours, il se prolonge malheureusement en dehors de l’école par un « cyber harcèlement » auquel il est presque impossible de se soustraire. C’est ce qui a conduit Dinah, 14 ans, à se suicider après avoir été l’objet de persécutions pendant deux ans. Sa mort fait l’effet d’un gigantesque constat d’échec de la part des adultes, enseignants et personnels du collège, mais aussi parents des élèves qui ont participé à cette traque, sans forcément être au courant, et par extension de la société tout entière qui n’a pas su ou n’a pas voulu lutter contre ce phénomène qui semble de plus en plus répandu. Selon la MAE, 700 000 enfants sur les 12 millions scolarisés pourraient être victimes de ces débordements mortifères.
Malheur aux vaincus pourrait être l’autre slogan, complémentaire du premier, qui explique ces comportements moutonniers. Dinah avait eu le tort de se confier sur son orientation sexuelle, qui avait servi de prétexte à ses bourreaux pour la persécuter. Sans compter les insultes racistes, puisqu’on lui reprochait son métissage, et encore plus incompréhensible mais terriblement révélateur, d’être une « intello ». Aussi sûrement que l’odeur du sang attire les piranhas, la moindre différence peut être exploitée pour stigmatiser une personne et les dégâts sont considérables. Une équipe de médecins anglais a établi un lien entre l’apparition de tics et l’utilisation massive du réseau social TikTok sur lequel les adolescents publiaient des vidéos sur ce thème. Une certaine sensibilisation peut être observée, et la marche blanche organisée à la mémoire de Dinah à Mulhouse est un signe encourageant, mais beaucoup reste à faire, et notamment lever l’omerta, la loi du silence qui entoure ces questions devenues banales. La mère de l’adolescente appelle les parents à éduquer leurs enfants, à leur apprendre la tolérance, et demande aux victimes de ne pas se résigner, voire de répliquer, ce qui est malheureusement très difficile. Mila, qui a assumé ses paroles blasphématoires contre l’Islam, poursuit son combat avec courage malgré les menaces de mort qu’elle continue de recevoir, mais aura beaucoup de mal à bénéficier un jour d’une vie normale.