Mascarades universelles

On finit par se demander si les puissants de ce monde sont les rois des cyniques ou les rois des inconscients ! L’exposition universelle de Milan a choisi pour thème « nourrir la planète, de l’énergie pour la vie »… Quand on saura qu’aucune O.N.G. qui a fait son credo de lutter contre la faim dans le monde n’est présente dans ce cadre exceptionnel, on devine quel angle a choisi la manifestation.

Il s’agit en fait pour les 147 pays présents de chercher de l’innovation dans le domaine de l’alimentation, avec entre autres pour objectif de chercher à mieux informer le consommateur et à développer une nouvelle chaîne de production et de distribution pour générer bien sûr d'encore plus grands profits. Cela ne concerne justement en rien les 805 millions d’individus qui souffrent de la faim, et surtout pas les 3 100 000 enfants de moins de cinq ans qui meurent chaque année par malnutrition !

Le pavillon français annonce des objectifs louables : « chercher une autre politique alimentaire pour assurer à toute l’humanité une alimentation suffisante de qualité et saine, en cherchant à produire mieux, à produire plus, à coopérer avec les pays en développement, à veiller à la sécurité sanitaire de l’eau et des aliments ». Hélas tout porte à croire que cela ne restera qu’un effet d’annonce, l’exposition universelle est avant tout une vitrine où il faut montrer la plus belle image au service des entreprises agroalimentaires mondiales. Mais une vitrine qui coûte cher : 3 milliards 200 000 € dont 1 milliard pour les pays participants, 1 milliard de deniers publics italiens, 1 milliard 200 000 d’investissement privé, mais ça peut rapporter gros, l’Italie espère 10 milliards de retombées économiques ! Comme on est loin de l’entreprise philanthropique ayant pour objectif de rééquilibrer les ressources alimentaires dans le monde.

(Une toute petite bouffée d’oxygène les manifestations des « no expos » dénonçant le gaspillage d’argent public le jour de l’inauguration et la présence des coopératives de consommateurs, l’avenir face aux supermarchés). Comme il y a un lien étroit entre la production d’énergie et les ressources alimentaires, voir par exemple les marchés agricoles, où le développement des agro carburants se fait au détriment des cultures vivrières dans les pays émergents souffrant déjà de la faim, j’ajouterai à cette mascarade, « la conférence mondiale sur le climat », à Paris fin 2015 qui devrait conclure sur un accord international pour les réductions d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et qui ne débouchera encore une fois sur rien, ou la conférence sur le climat à Varsovie en 2014 où les O.N.G. ont quitté la table des négociations, ou encore « le sommet sur la terre » (qui a lieu tous les 10 ans) de Rio en 2012 où on s’est contenté « de lancer un processus pour conduire à l’établissement d’objectifs » les 190 pays participants n’ayant pas ratifié le traité proposant le contrôle des émissions de GES.

Tout n’est que gesticulation et masturbation donnant bonne conscience aux pollueurs et profiteurs, empoisonnant doucement, mais sûrement l’humanité en plus de l’affamer.

PS : aux dernières nouvelles, conséquence du réchauffement de la planète, Marie-Galante est menacée par l’invasion des sargasses, émanant un gaz toxique mortel, on parle d’évacuer la population de Capesterre… no comment.

 

L’invitée du dimanche