État de droit, état de fait
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 7 mai 2015 10:43
- Écrit par Claude Séné
« Je sais que je n’ai pas le droit, mais on le fait ». C’est la déclaration surréaliste du maire de Béziers, élu avec le soutien du Front national, Robert Ménard, à propos de ses statistiques sur la religion des élèves de sa ville. Ces statistiques ethniques sont formellement interdites par la loi. Il le sait. Il le fait quand même, alors qu’en tant que premier édile de la ville il se doit de faire respecter la législation. Pire, il s’en vante à la télévision, et là il a commis une erreur, pire qu’une maladresse, qui peut le conduire à devoir assumer les conséquences judiciaires et administratives d’un comportement indigne d’un élu de la République.
Il a beau essayer de revenir sur ses déclarations, elles ont été publiques et les traces en ont été conservées. La énième provocation de Robert Ménard aura peut-être été celle de trop. Son attitude illustre parfaitement une certaine conception dévoyée de la démocratie qui consiste à se permettre exactement tout ce qui lui passe par la tête au nom d’un mandat global imaginaire qui lui aurait été octroyé par le suffrage universel. Il n’est malheureusement pas le seul dans ce cas. Beaucoup trop d’élus n’en font qu’à leur tête une fois désignés pour représenter leurs concitoyens, ce qui est, rappelons-le, leur fonction première.
Hasard de l’actualité, c’est presque au même moment que l’ancien PDG d’EDF, Marcel Boiteux, interviewé pour une émission sur le nucléaire, révélait avoir rejeté dans la Loire des déchets de plutonium à la suite d’un accident majeur de la centrale de Saint Laurent. Pour justifier sa décision, l’ex-patron n’hésitait pas à minimiser les faits, pourtant extrêmement graves et parfaitement illégaux en déclarant : « Oui, bien sûr, ce n’est pas bien, mais ce n’est pas grave ». Ah, bon ! Ce n’est pas grave de rejeter dans la nature pendant cinq ans un métal radioactif dont les isotopes les plus dangereux mettent 24 000 ans à perdre la moitié de leur nocivité ? C’est vrai qu’après Mr Boiteux, il y aura peut-être un déluge et qu’en tout état de cause il ne sera plus là pour endosser ses responsabilités. Quant aux risques qu’il a fait courir aux populations avoisinantes, cela ne l’a visiblement pas empêché de dormir, mais pourrait nous occasionner à juste titre des cauchemars.