Le Pen contre Le Pen

Mieux que Kramer contre Kramer, le psychodrame familial du FN va-t-il tenir toutes ses promesses ? Pour le moment, bravo, vous nous avez vraiment gâtés. On aurait presque envie de se récrier faussement : c’est trop, il ne fallait pas… Et dire que pendant toutes ces années on s’est demandé comment combattre le Front national ! Ce pauvre Paul Amar était très en dessous de la situation quand il avait amené des gants de boxe pour le débat entre Bernard Tapie et Jean-Marie Le Pen, une erreur qui lui avait coûté sa place à l’époque, tant on trouvait l’image outrancière alors qu’elle était très édulcorée.

En effet, la boxe est parfois surnommée le noble art, malgré la violence qui la sous-tend, tandis que l’affrontement entre les Le Pen père et fille a plus à voir avec le pugilat, le pancrace, la savate ou la baston, à moins que ce ne soit le nouvel art martial, le MMA, interdit en France, dans lequel il n’y a qu’une règle : tous les coups sont permis. Il faut dire que nous avons affaire à de fins connaisseurs en matière de coups bas et de traitrises de toutes sortes. Ils nous apportent la démonstration que pour s’opposer au Front national, il n’y a pas 36 solutions : il faut y aller franchement et cogner fort, là où ça fait mal. C’est ce que fait Jean-Marie en attaquant frontalement sa fille dont il aimerait qu’elle abandonne son nom en épousant son compagnon ou n’importe qui d’autre, d’ailleurs. Pour qualifier son comportement, il a recours à sa formule favorite depuis le conflit et la scission de Bruno Mégret en la qualifiant de félonie, c’est-à-dire la trahison d’un suzerain par son vassal. Un terme plus guère employé depuis la bataille de Roncevaux qui avait été perdue par Roland, livré aux Sarrasins par l’infâme Ganelon.

Pour une fois, nous partageons une opinion avec le vieux facho : sa fille ne mérite pas de devenir présidente de la République, si tant est que les Français soient assez fous pour lui confier les clés de la république, ce qu’à Mahomet ne plaise. Qu’il soit devenu l’ennemi de mon ennemie ne suffit toutefois pas à faire de lui mon ami. Comme tout un chacun, je me contenterai de compter les points, en espérant qu’ils se détruisent mutuellement.