Grandes manœuvres

« Si vis pacem, para bellum », si tu veux la paix, prépare la guerre, dit l’adage latin. Une maxime que l’opposition semble avoir faite sienne au moment où il s’agit de désigner les têtes de listes aux élections européennes qui n’auront lieu qu’en décembre prochain. D’un autre côté, si l’on veut la guerre, il est également nécessaire de s’y préparer, ce qui fait que l’on peut douter du caractère pacifique de ces préparatifs. Une chose est sûre, il s’agit pour la droite d’être plus à droite que l’extrême droite, si vous voyez ce que je veux dire.

Ce n’est donc pas un hasard si Nicolas Sarkozy a investi Christian Estrosi pour défendre ses couleurs en Provence Alpes Côte d’Azur, sans même attendre la réunion du bureau soi-disant chargé de procéder à ces désignations. Un signe qui démontre, s’il en était besoin, quel que soit le nom que se choisira la formation dirigée par le petit caporal, qu’elle ne sera pas plus démocratique que par le passé, une sorte de fidélité à des traditions ancestrales. À peine nommé, le maire de Nice, avec le sens de la nuance et de la mesure dont il est coutumier s’est lancé dans une diatribe directement décalquée du Front national en annonçant une troisième guerre mondiale déclenchée par les musulmans, qu’il qualifie d’« islamofascistes » et qu’il accuse de former des « cinquièmes colonnes ». On est à deux doigts du « ils viennent jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes ». Le risque d’une telle stratégie, c’est de faire passer son adversaire du FN, Marion Maréchal Le Pen, pour une modérée, pour peu qu’elle se désolidarise des propos outranciers de son grand-père.

Un autre signe qui ne trompe pas, c’est la bataille autour du nom des « Républicains », qui sert de prétexte aux adversaires intérieurs de Sarkozy pour contester l’autorité du caporalissime. Pour museler son opposition, le chefaillon s’en prend aux socialistes en leur déniant la qualité de républicanisme, dont il revendique l’exclusivité. C’est pitoyable, mais ça peut marcher, au nom du plus c’est gros plus ça passe. Le point commun des déclarations du patron et de son disciple, outre la finesse et l’intelligence aiguisées des propos, c’est que chacun y est allé de son « le persiste et je signe », démontrant une fois de plus que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis.