Autorité(s)

J’écoutais l’autre jour un débat au sujet du bien-fondé des vaccins, quand un auditeur s’exclama : « c’est quand même à nous, parents, de décider de ce qui est bon pour nos enfants ! » Et le médecin invité de répliquer : « oui, à condition d’en avoir toutes les compétences techniques », suggérant qu’à de rares exceptions près, les parents n’avaient qu’à s’incliner devant les décisions prises par la collectivité publique. S’il est exact que les parents détiennent, conjointement, l’autorité parentale, ils sont de plus en plus souvent supplantés par l’action des autorités, parfois intrusives.

Si l’époque du Pater familias détenant le droit de vie et de mort sur ses enfants est heureusement révolue, il est utile que la société puisse veiller à la protection des enfants contre toute forme de violence y compris de la part de ses propres géniteurs. De là à instaurer une sorte de permis, un diplôme attestant des capacités à élever un enfant, il y a un pas que je ne franchirai pas. Et cependant, les familles candidates à l’adoption peuvent témoigner du luxe de précautions qui préside à l’instruction de leur dossier, alors que les parents qui font des enfants par les moyens naturels ne sont l’objet d’aucune enquête préalable, si l’on excepte les traditions devenues obsolètes de « préparation au mariage » dans les familles catholiques.

La plupart des restrictions aux libertés individuelles sont prises dans l’intérêt des personnes concernées. L’exemple type est celui de la ceinture de sécurité, dont le port ne peut strictement servir qu’à diminuer la mortalité ou à éviter des blessures, et qui est passible d’une amende s’il est omis, au même titre qu’une conduite dangereuse pour autrui. Il en va de même pour la répression des toxiques, qui touchent principalement les consommateurs, et seulement par ricochet leur entourage.

La remarque de ce médecin fait aussi référence à l’autorité détenue par le pouvoir médical, dont il peut être tenté d’abuser. Par ses connaissances et sa position hiérarchique vis-à-vis du patient, le médecin peut largement imposer son point de vue, ne serait-ce qu’en ne mentionnant pas les solutions alternatives qui seraient hors du champ de ses compétences.

Vous aurez compris, je suppose, que ce médecin invité de France-Inter ne m’a pas fait très bonne impression. Outre le fait qu’il niait maladroitement des liens d’inféodation aux laboratoires pharmaceutiques, il employait des arguments d’autorité, ce que je trouve détestable.