Peau d’âne

Mais qui a bien pu conseiller à Marine Le Pen de s’affubler d’une robe de soirée mettant en évidence ses épaules de déménageur pour assister au gala du magazine Time à New York mardi dernier ? Si le but était de se faire remarquer, on peut dire que c’est réussi. Cette robe allait à la présidente du Front national aussi bien que des bretelles à un lapin, selon l’expression consacrée. Non que ses idées soient plus présentables dans un bel emballage cadeau comme sa nièce Marion, qui fait penser à ce conte de Perrault où la jeune fille vomit des serpents ou des crapauds à chaque fois qu’elle ouvre la bouche.

En dehors de son esthétique douteuse, chacun s’est demandé de quel couturier provenait la fameuse robe. On imaginait que la tenante du made in France en avait profité pour se faire prêter une tenue griffée par une maison célèbre de Paris. Que non point ! Pour se rendre à l’invitation du diable en personne, symbole de l’establishment tant honni des Le Pen père et fille, qui lui s’habille en Prada comme chacun sait, il convenait de se munir d’une cuillère à longue queue. C’est pourquoi, snobant Dior, Chanel ou Jean-Paul Gaultier, Marine Le Pen avait pris soin de louer une robe sans marque, et sans aucune allure aussi, il faut bien le dire. Selon des experts auto proclamés, ce coup de génie vestimentaire était un pied de nez à ce monde de paillettes si souvent dénoncé par le Front national.

Si tel était l’objectif, il y avait un moyen de l’atteindre sans coup férir en déclinant poliment l’invitation de Time. Mais Marine Le Pen était aussi bouffie d’orgueil qu’elle était boudinée dans sa robe de gala, d’avoir été désignée parmi les 100 personnalités les plus influentes selon le magazine américain. Pensez donc, elle côtoyait des personnes aussi prestigieuses que Kanye West, le célèbre rappeur, Emma Watson, inoubliable copine d’Harry Potter, ou même Kim Kardashian, interprète d’elle-même dans la vraie vie, une occupation à plein temps.

Si Marine Le Pen se prend pour Peau d’âne et qu’elle se met en tête de proposer aux Français de leur faire un gâteau, j’espère qu’ils comprendront que la farine est destinée à les rouler, et que ses doigts, aussi gros que ses sabots, ne rentreront jamais dans l’anneau d’or qu’elle convoite.

Commentaires  

#2 isabelle 25-04-2015 15:44
J'ai bien vu les épaules de déménageurs très bien mises en valeur par cette robe d'un bleu très frenchy, mais malheureusement je n'ai pas vu la dame (ni la robe) en pied. C'est bien dommage, mais j'ai trouvé aussi amusant: l'article du Frankfurter Rundschau qui l'épingle sous le titre "Enfin célèbre" dans un article où sont cités les commentaires de deux Francais, dont le rédacteur en chef du Figaro. Lequel se demande "comment il se fait qu'une personne condamnant l'ordre économique libérale de l'Amérique se prête aussi complaisamment à honorer de sa présence une soirée si typiquement américaine". Voici l'article dans son intégralité (pour les german speaking") qui complète si parfaitement celui de notre blogueur préféré: http://www.fr-online.de/politik/marine-le-pen-endlich-beruehmt,1472596,30519932.html
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#1 isabelle 25-04-2015 15:32
Tiens! Et si tu faisais "fashion blogger" aussi? J'ai vraiment envie de voir la peau (de saucisse) d'âne en question! As-tu une photo?
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