Un condamné à mort s’est échappé
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 22 avril 2015 11:08
- Écrit par Claude Séné
Les chances d’échapper à l’exécution s’amenuisent pour Serge Atlaoui, condamné à la peine capitale pour trafic de drogue par la justice indonésienne. La Cour suprême a rejeté son dernier recours et la présidence ne veut accorder aucune grâce en la matière, malgré les efforts de la diplomatie française. Nous avons toujours tendance à voir la paille dans la justice à l’étranger plutôt que la poutre dans la nôtre, mais la procédure indonésienne prête à la critique. Serge Atlaoui a toujours clamé qu’il n’avait fait qu’installer des machines sans connaître leur destination réelle dans une usine de production acrylique.
Son procès a eu lieu sans qu’il bénéficie d’un interprète et son implication dans un quelconque trafic n’a jamais été prouvée. De notre point de vue, la peine de mort, outre que nous l’avons supprimée dans notre pays, parait totalement disproportionnée avec les faits supposés, même s’ils étaient avérés. Le trafic de drogue est pourtant en Indonésie le seul motif de condamnation à mort pour 2015 et le nouveau président, élu en octobre 2014, en a fait son cheval de bataille.
Il faut malheureusement constater qu’après des années de baisse continue des exécutions dans le monde, si l’on excepte la Chine, où les statistiques sur le sujet sont top secret, le nombre de condamnations est reparti à la hausse. Il y a toujours 22 pays où la peine de mort existe, et dans le peloton de tête on retrouve, derrière la Chine, hors concours avec probablement plusieurs milliers de condamnations par an, l’Iran, qui applique strictement la Charia et condamne 7 à 800 personnes par an, l’Arabie saoudite, l’Irak et encore et toujours les États-Unis, où plusieurs détenus attendent dans le couloir de la mort, cependant que l’un d’entre eux a été disculpé 30 ans après et libéré récemment.
La peine de mort est choquante partout, mais plus encore dans un pays qui se présente comme le rempart contre la barbarie et l’inhumanité, le défenseur des valeurs humanistes contre les idéologies qui nient les libertés individuelles. Quant à l’Indonésie, les espoirs de démocratisation après l’élection de Joko Widodo, semblent ne pas peser lourd devant la tentation xénophobe : neuf autres étrangers risquent d’être exécutés pour trafic de drogue, contre un seul Indonésien. Contrairement au film de Bresson, le condamné à mort a peu d’espoir de s’échapper.