Qui décide quoi ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 21 avril 2015 10:25
- Écrit par Claude Séné
Les Romains l’appelaient mare nostrum, notre mer. La Méditerranée est en passe de devenir le plus grand cimetière marin de tous les temps, une véritable mare au diable où s’ensevelissent les espoirs de milliers de migrants, parfois à la recherche d’un mythique eldorado, mais plus souvent simplement un havre de paix pour échapper à l’enfer de la guerre et des conflits. Il aura fallu un naufrage de plus, suffisamment scandaleux, pour que les opinions publiques s’émeuvent. Sept ou huit cents morts qui s’ajoutent aux vingt à vingt-cinq mille victimes déjà répertoriées sans que les autorités prennent véritablement les mesures nécessaires.
Tous ces migrants qui fuient leur pays, dont la détresse les pousse à affronter la traversée malgré les risques et pour laquelle ils payent très cher des trafiquants sans scrupules, espèrent une vie meilleure en Europe. L’Italie n’est pour beaucoup qu’un point de passage vers d’autres pays européens dont ils espèrent la solidarité sur la base de rumeurs hélas souvent démenties par les faits. Pour faire face à cet afflux, l’Europe a créé Frontex, un organisme chargé de contrôler les frontières de l’espace Schengen, dont les moyens sont ridiculement insuffisants et qui mène une politique totalement inadaptée à la situation. À tel point que des responsables européens en sont réduits à demander que l’Europe prenne enfin le problème à bras le corps et arrête de se boucher les yeux et les oreilles pour ne rien faire. Les députés seraient majoritairement favorables à une aide conséquente en faveur des migrants, mais qui leur demande leur avis ? Il va falloir une réunion des chefs d’état et de gouvernement pour qu’enfin des décisions soient prises. Cela illustre malheureusement la force d’inertie des institutions européennes qui aboutit à une paralysie du système et à l’incapacité à trouver une réponse à des situations dont l’urgence est criante depuis de longues années.
Au-delà des égoïsmes nationaux, mis à part le comportement exemplaire des Italiens, il n’est pas impossible que la stratégie de Frontex soit représentative d’un cynisme absolu. Plus il y aura de naufrages, plus il y aura de morts, et moins il y aura de candidats à l’immigration, ce qui semble le but ultime de cet organisme, si l’on en croit son directeur. Il ne faudrait pas donner une prime aux passeurs en facilitant les traversées. Et il parait que nous appartenons à la même espèce humaine que ce monsieur.
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