L’histoire sans fin
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 1 juin 2020 10:31
- Écrit par Claude Séné
De même que Bill Murray est condamné à revivre tous les jours les mêmes évènements dans le film de Harold Ramis, un jour sans fin, les États-Unis semblent incapables de sortir de cette sorte de malédiction du racisme qui les poursuit depuis leurs fonts baptismaux. C’est encore une fois la mort d’un « african american » sous les mauvais traitements d’un policier blanc à Minneapolis qui est à l’origine des émeutes, des incendies et des pillages qui ont embrasé tout le pays et se propagent à présent dans le monde.
L’esclavage a beau avoir été aboli aux États-Unis en 1865, après une guerre civile opposant états abolitionnistes du Nord et états esclavagistes du Sud entrés en sécession, la question du racisme et des droits de tous les citoyens, quelle que soit leur origine ou leur couleur de peau n’a jamais été résolue sur le fond. L’organisation de la société américaine reste basée sur la coexistence de communautés séparées, même si l’apartheid a officiellement disparu. Les noirs américains sont largement considérés comme des citoyens de seconde zone, même si certains d’entre eux ont pu accéder à des fonctions politiques importantes, jusqu’à l’élection d’un métis, Barak Obama, à la présidence du pays. C’est l’arbre qui cache la forêt comme on peut s’en rendre compte facilement quand on sait qu’un noir a 6 fois plus de chances qu’un blanc d’être incarcéré aux USA. La communauté hispanique paie elle aussi un lourd tribut, et d’une manière générale, tous les non-blancs, suspects, a priori, dès qu’un crime est commis. En réalité, ce n’est pas seulement Derek Chauvin, le policier blanc déjà connu pour des faits de violence, qui a tué Georges Floyd au cours de son interpellation, mais la société américaine, qui favorise consciemment ou inconsciemment les réflexes suprématistes, qui n’accorde pas à tous ses citoyens le respect des mêmes droits. Les autres policiers présents n’ont pas réagi pendant les 8 minutes où leur collègue a asphyxié consciencieusement Georges Floyd après qu’il ait supplié qu’on le laisse respirer. Quant à la population, elle ne peut que constater les abus de pouvoir, mais elle dispose maintenant d’une arme de dénonciation massive avec la généralisation des vidéos prises avec un simple téléphone.
Si les images américaines ont déclenché en France comme ailleurs, une vague d’indignation, nous aurions tort de nous croire à l’abri de faits de cette nature, dont le dernier en date est la mort d’Adama Traoré en 2016 dans des conditions controversées. Nous ne disposons malheureusement pas d’images de son transfert et de sa détention au poste de gendarmerie, mais nous avons une expertise légale capable d’écarter toute responsabilité des gendarmes, bien qu’incapable de démontrer une supposée pathologie cardiaque à l’origine du décès. Des experts qui pourraient faire une brillante carrière aux États-Unis.