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Le premier accroc coûte 200 francs
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 30 mai 2020 11:09
- Écrit par Claude Séné
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Cette mention inscrite au frontispice des académies de billard a servi de titre au recueil de nouvelles d’Elsa Triolet en 1944. Elle a aussi été utilisée comme phrase codée par la radio de la résistance émise depuis Londres. Elsa Triolet, si elle était encore de ce monde, aurait probablement ouvert de grands yeux, ceux chantés par Louis Aragon, en apprenant le ralliement surprise de Gérard Collomb à la droite lyonnaise en vue du second tour des élections municipales. Une décision plus logique qu’il n’y parait.
Car, en politique, c’est la première trahison qui coûte le plus. Gérard Collomb sera d’abord mitterrandien et participera à la refondation du Parti socialiste. Ce n’est certes pas un révolutionnaire, mais il semble un soutien convaincu des orientations sociales de la gauche quand elle est au pouvoir et de ses aspirations à plus de justice quand elle est dans l’opposition. Il sera membre de la Convention des Institutions républicaines puis du parti socialiste de 1968 à 2017, et s’il ne partageait pas les idées de son parti, il cachait bien son jeu. Après près de 50 ans de bons et loyaux services, et alors qu’il occupait le fauteuil confortable de Maire de Lyon, le voilà qui s’engage dans une aventure risquée aux côtés d’Emmanuel Macron, qui, contre toute attente, sera élu et lui paiera les trente deniers de sa trahison sous forme d’un maroquin, celui de ministre de l’Intérieur. Un poste certes important, mais qui n’est sans doute pas aussi prestigieux que celui qu’il avait espéré, et qui reviendra à un concurrent inconnu, issu de la droite pure et dure. Car le parti du président, qui hurle aujourd’hui sur l’alliance contre nature de Collomb avec Wauquiez, ne dédaignait pas à l’époque le débauchage institutionnel dans le parti les républicains, et ne se prive pas de mener aujourd’hui une politique très droitière.
Gérard Collomb a retenu la leçon de son élève, lui qui en fut le mentor. Ni droite ni gauche, ce qui veut dire à droite toute ! et aussi ne pas se laisser dicter le calendrier. C’est lui qui démissionne du ministère de l’Intérieur en 2018 pour se replier sur sa bonne ville de Lyon. Mais hélas, loin des yeux, loin du cœur, ses luttes intestines avec des rivaux issus de son propre parti amèneront à ce score décevant au premier tour. Il n’en est plus à un reniement près. S’il peut sauver quelques meubles pour ses proches, et faire barrage à l’écologie, il se sacrifiera. Jusqu’au jour où il en sera réduit à quémander auprès du Rassemblement national un poste mineur, juste pour gagner sa vie et rester propre. La vieillesse est certes un naufrage, mais la déchéance humaine est encore plus terrible.
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