Ni pour ni contre bien au contraire
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 20 mai 2020 10:31
- Écrit par Claude Séné
Parmi les nombreuses questions épineuses qui restent fichées au pied de l’exécutif, celle des élections municipales est une des plus délicates. Les faire trop tôt et risquer de se voir accuser de la mise en danger de la santé des électeurs, comme cela a été le cas pour le premier tour en mars dernier, juste avant le confinement, ou attendre un avenir qui pourrait ne pas être meilleur et laisser en suspens une question qui empoisonne les relations déjà tendues avec les politiques locaux, constitue un vrai dilemme.
Pour s’acheter un peu de temps, le président s’est abrité derrière le comité scientifique supposé rendre un avis médical coupant court à toute polémique. Las ! ledit comité doit en avoir plus qu’assez d’être mis à toutes les sauces et manipulé au gré des intérêts du pouvoir, et a répondu en substance : « débrouillez-vous, c’est votre problème. Nous, nous recommandons de prendre toutes les précautions sanitaires, et puis c’est tout ! » C’est, ma foi, le bon sens même. Le président du comité a pris soin de préciser que le fait de ne pas s’opposer à la tenue de ces élections n’équivaut pas à une recommandation. Dont acte. Le pouvoir en place va donc devoir assumer la responsabilité de sa décision, quelle qu’elle soit, même si l’on peut compter sur lui pour essayer de refiler la patate chaude aux élus des grandes villes, favorables en majorité à un deuxième tour en juin.
Et c’est justement le moment choisi par un certain nombre de députés, apparemment déçus du macronisme, pour constituer un 9e groupe à l’Assemblée nationale, qui aura pour caractéristique de n’être ni dans la majorité, ni dans l’opposition, faisant perdre au passage la majorité absolue au seul parti de la république en marche. C’est un peu l’arroseur arrosé ou la réponse du berger à la bergère quand on se souvient qu’Emmanuel Macron a basé toute sa démarche sur le refus du clivage entre la droite et la gauche. C’est dans un autre de ses sketches que Coluche incarnait le personnage du boucher qui « donnait un coup de main aux affiches » histoire de promener le chien, mais qui n’était pas de droite, et encore moins de gauche. La logique ultime de ces oppositions factices est très claire et c’est le « chacun pour soi ». La mise en avant des valeurs individuelles, illustrée par le système des primes, des récompenses, voire des médailles, ne peut qu’aboutir à des revendications catégorielles comme celles des gilets jaunes, où celui qui réclame le plus fort sera servi au détriment de tous les autres. Alors que la crise sanitaire et économique est une occasion formidable de remettre à plat tout le système et de repartir sur des bases plus équitables.