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Halte au bronzage !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 18 mai 2020 10:48
- Écrit par Claude Séné
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Excepté celui que l’on appelait autrefois le « bronzage paysan », qui découpait sur la peau la forme du Marcel en s’arrêtant en haut des bras, mais n’épargnait pas le visage et la nuque, ce qui explique aussi le surnom donné aux fermiers américains, les « red necks » dont le cou rougeaud symbolise les idées que l’on appellerait en France « bas du front ». Vous aurez droit aussi au bronzage cycliste, qui s’arrête à mi-cuisse, parce qu’il démontrera que vous n’êtes pas restés inactifs, que vous n’avez pas « bronzé idiot ».
L’immobilité, voilà l’ennemi identifié par les bureaucrates qui pondent les circulaires destinées à nous protéger de nous-mêmes, pauvres inconscients que nous sommes. Ces ronds de cuir modernes, que n’aurait pas désavoués Courteline en personne, ont décrété que la seule façon de ne pas être attaqué par le virus consistait à ne pas rester en place. Marcher, ou mieux, courir sur une plage, vous mettra à l’abri de la contagion, qui, sinon, s’abattra inexorablement sur vous. J’ai l’impression que ces technocrates considèrent le coronavirus comme une sorte de tique, qui attend patiemment que passe à sa portée un corps susceptible de la nourrir, avant de se laisser tomber sur lui et s’accrocher dès qu’elle le peut pour se sustenter. Les malheureux qui auraient l’imprudence de rester à lézarder sur leur serviette, en profitant du soleil et éventuellement en lisant un bon bouquin, sont de dangereux imprudents, qui s’exposent eux-mêmes et prennent des risques inconsidérés pour leurs concitoyens.
Par contre, s’ils s’entassent dans des rames de métro, ils ne risquent rien, puisque, par définition, ils seront en mouvement. Et la relativité restreinte chère à Einstein ? Ne m’embrouillez pas, c’est déjà assez compliqué comme ça. Ce sont les mêmes « experts » qui s’obstinent à interdire aux Parisiens de prendre l’air et de se disperser dans les parcs et jardins de la Capitale, tout en ne voyant aucun inconvénient à ce qu’ils continuent à être concentrés dans des espaces réduits pour faire leurs courses. Il sera bientôt de bon ton d’arborer la pâleur de teint qui distinguait autrefois les aristocrates des paysannes, quitte à se poudrer pour accentuer sa blancheur. Un bronzé permanent à la Séguéla, arborant la bonne mine du privilégié en vacances perpétuelles, n’aura plus la cote et devra prouver qu’il a acquis sa coloration en pratiquant une activité sportive réglementaire. Je me suis demandé si les enfants allaient être autorisés à continuer à barboter au bord de l’eau et à faire des pâtés de sable, puisque je n’ai pas connaissance qu’il y ait de fédération officielle de ces activités. Quant à moi, ayant la chance de connaître une heureuse propriétaire de piscine, je continuerai à pratiquer en privé le bain-de-soleil autant que le climat le permettra.
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