Grain de sel

Ces 6 derniers dimanches, je me suis un peu planquée derrière mon petit dictionnaire du confinement qui n’avait rien d’exhaustif, mais, comme tout ouvrage de ce type, cela ne permettait pas à mes affects de s’exprimer vraiment.

Je ne me priverai pas de livrer les sentiments parfois contradictoires qui m’ont habitée, partagés, je n’en doute pas, par un très grand nombre de mes compatriotes.

Je passerai sur la peur de me trouver contaminée et d’être obligée de faire front, face à une maladie dont j’étais, parait-il, une cible privilégiée, qui pouvait devenir mortelle.

Il faut dire que rien n’était fait pour qu’on oublie, tous les médias se sont emparés du sujet de la crise sanitaire, à tel point que chaque journal télévisé s’intitule « édition spéciale » ! En fait, elle n’a rien de spécial puisqu’on ne parle que du virus, du nombre de morts, du nombre d’infectés, des manques de matériel, des manques de personnel, des incidences économiques et tout cela en boucle.

Et puis est venue la colère, contre des mesures infantilisantes du confinement, et contre les incompétences, les contradictions, les manipulations…

Et enfin le ras-le-bol, la saturation… Avant d’avoir fait le tour de tous les hôpitaux de France, interviewé tous les chefs de service d’épidémiologie, de supposés experts, chercheurs reconnus ou non, les journalistes ne sont pas près de manquer de matière, chaque jour amène un nouvel expert.

Personnellement, j’étais loin de savoir qu’on était si riche en sommités médicales et scientifiques capables d’éclairer, d’orienter nos connaissances, et notre point de vue sur la situation. 

Sans oublier que chacun détient la vérité, mais pas toujours la même, comment s’y retrouver ? Impossible aussi de faire l’impasse sur les analystes économiques qui nous prévoient un avenir matériel désastreux, surtout pour ceux que la situation a privés d’emploi, ou qui risquent de s’en voir privés.

Certains intervenants redonnent un peu d’espoir, ils sont un peu plus optimistes et constructifs et font souffler un rêve de changement de société auquel on aimerait bien s’accrocher. Faut-il croire en la possibilité d’un monde où répartition des richesses, protection de la planète, sortiraient de ce chaos ? Oui, si nous ne comptons pas sur les politiques pour nous l’apporter sur un plateau.

Qu’on arrête de prendre les citoyens pour des enfants, avec qui l’on manie la carotte et le bâton, je sens monter un vent de division bien orchestré entre les bons citoyens et les mauvais citoyens, ceux qui respectent le règlement, ceux qui font des écarts, quelle chance de trouver des boucs émissaires faisant oublier où se trouvent les vraies responsabilités.

 Même si j’ai toujours peur, j’ai retrouvé un peu de sérénité pour assumer les mesures que je prends pour me protéger et protéger les autres, mais trop c’est trop, je ne veux pas devenir réactionnaire, je refuse désormais de juger mon prochain à qui je reconnais la pleine responsabilité de ses actes.

Ce grain de sel ne vous aura pas trop gratté, j’espère, j’aspire dans mes futurs billets, à parler de toute autre chose que des incidences provoquées par cette putain de Covid 19 (féminin, s’il vous plait, comme le décrète l’Académie française).

 L’invitée du dimanche