Faux semblants
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 15 mai 2020 11:00
- Écrit par Claude Séné
J’ai coutume de dire que ce n’est pas parce qu’on est paranoïaque que l’on ne peut pas être réellement persécuté. Il est d’ailleurs frappant de constater que ce sont les véritables paranos qui suspectent le plus les gens qui les entourent de l’être. Ainsi de ce médecin-urgentiste de Poitiers, convaincu de mauvaises pratiques sur ses patients, qui se défendait devant la presse en déclarant : « ils sont complètement paranos, ils m’en veulent ! » dans un exercice assez saisissant de projection-identification.
C’est en ce moment une députée de la majorité, Laetitia Avia, qui est sur la sellette, pour de bonnes et de mauvaises raisons. Commençons par le projet de loi qu’elle a fait déposer pour lutter contre les personnes qui passent leur temps à dénigrer leur prochain sur les réseaux soi-disant sociaux, que l’on a l’habitude de désigner sous le vocable de haters, des « haineux » qui sont effectivement une calamité parce que leurs affirmations invérifiées et souvent invérifiables peuvent porter un tort irréversible aux personnes visées. Ces individus sont généralement anonymes, ou se cachent derrière des pseudonymes rendant leur identification malaisée. Patatras ! la doctoresse Laetitia Avia pose un bon diagnostic, mais prescrit un mauvais remède. Elle propose de demander aux responsables des réseaux en question de faire eux-mêmes la police en censurant les commentaires litigieux. On a vu ce que cela donnait avec les algorithmes qui empêchent les internautes de publier des œuvres d’art dès l’instant où l’on peut y apercevoir des fragments de peau prohibés par une morale puritaine. Faut-il vraiment y ajouter une inquisition de la pensée régie par des machines programmées pour traquer le politiquement incorrect ?
Mais il y a une affaire dans l’affaire, et elle a été révélée par le journal Mediapart. Alors que l’on imagine la députée en victime de discriminations, puisqu’elle cumule des désavantages traditionnellement utilisés par des adversaires potentiels en étant une femme, de couleur de peau indubitablement foncée, et, sinon obèse, certainement en surpoids évident, ses propos, rapportés par des collaborateurs, la désignent comme homophobe, raciste et sexiste, rien de moins. Elle aurait fait d’un assistant d’origine asiatique son souffre-douleur tout en l’appelant le Chinois, et parlerait sans détour d’un amendement PD, pour ne citer que ces deux accusations. Elle s’efforcerait aussi désespérément de faire disparaitre les traces d’une altercation avec un chauffeur de taxi qu’elle avait mordu, affaire rapportée par le Canard enchaîné cette fois et qui figure toujours dans sa page Wikipédia malgré des tentatives régulières de caviardage. Mme Avia nie tout en bloc, naturellement, et menace de porter plainte, ce qui ne serait pas forcément à son avantage, tant les témoignages de ses ex-collaborateurs sont accablants et concordants. En attendant d’éventuelles sanctions pénales, le bureau de son mouvement devrait se fendre au minimum d’un rappel à l’ordre.