Zied et Bouna
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 20 mars 2015 09:39
- Écrit par Claude Séné
Le procès des policiers qui se déroule en ce moment à Rennes tourne autour de la notion de non-assistance à personne en danger. Selon la défense et le syndicat des policiers, les fonctionnaires de police n’ont fait que leur travail. Cependant, deux jeunes ont été électrocutés le jeudi 27 octobre 2005 à 18h12 et un autre a échappé de peu à la mort dans ce transformateur EDF à Clichy-sous-Bois. Le policier qui se trouvait sur place aurait-il pu, ou dû, tenter de prévenir les jeunes du danger mortel qu’ils couraient en se cachant dans cette zone très périlleuse ? La policière qui était au standard aurait-elle dû s’alarmer de la réflexion de son collègue qui déclarait qu’il ne donnait pas cher de leur peau s’ils entraient dans le site EDF ?
C’est l’enjeu de ce procès, mais ce n’est pas, à mon sens, la question centrale. Le ministère public a d’ailleurs requis la relaxe. Il faut remonter un peu dans la chronologie avant cet instant tragique où un arc électrique se forme entre les deux adolescents de 15 et 17 ans provoquant une mort atroce. Le drame part d’un coup de téléphone passé peu après 17 heures par un employé du funérarium proche d’un chantier de construction de logements sociaux. Il prévient la police que des jeunes ont l’air de faire le guet et il les soupçonne de vouloir commettre un vol. Des soupçons qui se révèleront sans fondement, ce qui n’empêche pas la police de démarrer le rodéo et d’envoyer la cavalerie de la Brigade anti criminalité. Les jeunes s’enfuient, ce qui renforce les policiers dans leurs suspicions, alors que c’est devenu un réflexe de méfiance de la part de ces gamins qui veulent surtout ne pas être en retard pour la rupture du jeûne, puisqu’on est en plein ramadan.
Et tout le nœud de la situation est là. Dans cette fracture entre la population et la police qui est censée la protéger. C’est un système d’exclusion qui a tué Zied et Bouna. Un système dans lequel les jeunes sont forcément des délinquants aux yeux de la police. Un système où les jeunes considèrent les policiers comme des ennemis qui les maltraitent et leur parlent mal, ce en quoi on ne peut pas leur donner entièrement tort. N’oublions pas le discours du ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui supprimait la police de proximité en 2003. Les vrais responsables ne sont peut-être pas dans le box des accusés à Rennes.