Dérapages
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 12 mars 2015 10:35
- Écrit par Claude Séné
On aura tout vu. Voilà que Marine Le Pen annonce qu’elle va déposer une plainte auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel contre un journaliste de France 2, coupable, selon elle, de multiples dérapages à l’égard du Front national. On croit rêver. C’est le parti fondé par Jean-Marie Le Pen, qui a basé toute sa stratégie depuis son origine sur la provocation et les blagues d’un goût douteux qui se permet d’accuser un journaliste de le traiter sans suffisamment de considération ? C’est le monde à l’envers.
De quoi s’agit-il ? De trois tweets de Michel Mompontet, dont un a été retiré depuis, commentant l’actualité du FN, de façon critique il est vrai, mais pas plus que la plupart des prises de position sur ce réseau dit social. Il s’inquiète notamment de la présence en boucle dans les médias de la présidente du FN qui arbore en permanence le même sourire de façon ininterrompue. Une attaque beaucoup moins venimeuse et virulente que celle de la nièce de Marine Le Pen à l’encontre du premier ministre à l’assemblée nationale, où Marion Maréchal Le Pen a repris le nouveau catéchisme du parti en traitant Manuel Valls de crétin, à l’imitation de Michel Onfray.
Que doit-on en déduire ? Que les journalistes n’auraient pas le droit d’avoir une opinion, dès l’instant où ils travaillent sur le service public ? C’est une blague ? Ou plutôt qu’ils n’ont pas le droit de critiquer le Front national alors qu’il leur serait permis, voire recommandé, de s’en prendre aux partis républicains, leurs adversaires. On imagine facilement ce qu’il adviendrait de la liberté de la presse si par malheur les Français étaient assez fous pour se laisser tenter par une aventure suicidaire en 2017 ou après.
Personnellement, malgré la dramatisation voulue par Manuel Valls et soutenue par quelques personnalités comme Benoit Hamon, je n’arrive pas à y croire. En 2002, le Front national recueillait déjà pourtant 18 % des suffrages et avait dû se contenter de cet étiage au deuxième tour. Par contre, les élections autres que présidentielles peuvent leur être favorables, et là, le danger est mortel. Il suffit de voir la politique menée par leurs élus locaux pour s’en rendre compte. C’est bien l’enjeu de cette bataille pour la respectabilité engagée par Marine Le Pen.