Retour vers le futur

Le passé, c’est l’avenir, selon une formule bien connue. Aussi, depuis que Nicolas Sarkozy a effectué son retour, il nous promet un grand chambardement au sein de sa formation politique, qui devait être couronné par le changement du nom du parti. Le baptême devait avoir lieu initialement avant les élections départementales, perpétuant ainsi une vieille tradition gaullienne. Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, quand le RPF cédait la place à l’UNR puis à l’UDR, lui-même remplacé par le RPR qui devait se transformer en l’actuelle UMP.

On a longtemps cru que le mot rassemblement figurerait dans le nouvel intitulé, comme une sorte d’autosuggestion, pour susciter une adhésion qui tarde à se manifester en faveur de l’ancien président. Finalement, le vocable qui aurait la préférence de Sarkozy serait celui de « Républicains ». Tiens, tiens ! Cela me rappelle quelque chose. Tout d’abord, bien sûr, cela fait penser au plus à droite des deux grands partis des États-Unis, une référence qui ne déplairait pas à celui qui revendiquait le qualificatif de « l’Américain » et ne cachait pas son admiration pour Georges W. Bush.

Mais cela rappelle aussi une formation politique française, celle d’un certain Valéry Giscard d’Estaing, qui fondait les Républicains indépendants en 1966 pour favoriser son accession au pouvoir. Jean Ferrat avait même consacré une chanson au mouvement des jeunes du parti en les comparant à l’ornythoryngulus, un monstre de la préhistoire. Si la formation de Sarkozy veut utiliser le label « républicain », lui faudra-t-il payer des droits de copyright au défunt Parti républicain un temps présidé par François Léotard ou Gérard Longuet avant de se transformer en Démocratie libérale autour du regrettable Alain Madelin ?

On le voit, la tentation de s’approprier la République à des fins personnelles ne date pas d’aujourd’hui, mais ne rend pas l’opération plus morale. Pour ma part, si je n’adhère pas aux Républicains, devrais-je me tourner vers un parti royaliste et soutenir une monarchie, fut-elle éclairée ? À moins de défendre la politique d’un parti unique, le terme de Républicains me parait de nature à exclure plus qu’à rassembler, puisque de toute évidence, cette formation restera fermement ancrée à droite. Si toutes ces considérations sèment le doute chez les dirigeants, je vois bien un autre nom, qui serait tout à fait de circonstance : les Ringardos. Mais je ne voudrais pas m’immiscer.