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Pour dix milliards t’as plus rien
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 21 novembre 2019 10:23
- Écrit par Claude Séné
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La montagne a (encore) accouché d’une souris. Au point que ce n’est plus un gouvernement, mais un véritable élevage de laboratoire. Emmanuel Macron avait fait miroiter un plan d’urgence destiné à sauver l’hôpital, mais il avait décidé d’en confier l’annonce à son Premier ministre. Cela seul aurait dû nous faire comprendre qu’il n’y avait guère de gloire à escompter de ce plan mirifique, mais plutôt des coups à recevoir de la part du personnel exaspéré et d’une opinion désabusée. Il fallait une loupe ce matin pour trouver trace dans les journaux des mesures décidées par le gouvernement.
Comme il fallait bien donner un os à ronger, Édouard Philippe propose de lâcher quelques milliards. Une unité de mesure en dessous de laquelle rien ne peut plus être envisagé désormais. Alors on cumule les budgets de plusieurs années pour atteindre le chiffre fatidique et donner l’impression d’avoir pris le problème au sérieux. S’agissant de l’hôpital, l’état fait encore mieux en se livrant à un tour de passe-passe dont il a le secret : il va reprendre une partie de la dette des hôpitaux, à concurrence de 10 milliards. Fort bien. Mais les crédits permettant le remboursement des emprunts par les hôpitaux, d’où viennent-ils, sinon des dotations de l’état, qui participent donc à la dette globale de la France ? Et qui nous dit que les « économies » ainsi réalisées seront utilisées pour améliorer le fonctionnement des établissements et permettront de réaliser les investissements nécessaires ? Sans doute conscient de l’incapacité de l’état à prendre les mesures nécessaires à un sauvetage des hôpitaux et à leur donner les moyens de prodiguer les soins qui sont leur vocation, le Premier ministre tente de calmer le jeu en promettant des primes aux personnels les plus exposés, tout en se gardant bien d’accorder la moindre augmentation de salaire, pour reconnaître la sous-rémunération de ses employés, de crainte que le mouvement fasse boule de neige et se transmette à toute la fonction publique.
Paradoxalement, le fait de mettre tous ces milliards sur la table, loin de calmer la colère de ceux qui se sentent à juste titre sacrifiés sur l’autel de la marchandisation du service public, leur fait comprendre que si le gouvernement ne répond pas à leurs demandes, c’est uniquement par idéologie. Les marges de manœuvre existent donc bel et bien. Simplement, les choix et les priorités obéissent à des principes dont le bon peuple ne soupçonne même pas l’existence. Comment comprendre qu’Emmanuel Macron, confronté à la demande de rétablir l’ISF, ait répondu en supprimant la taxe d’habitation ? Et maintenant, quand l’hôpital public craque de partout et a besoin de crédits, si l’état dispose de 10 milliards, et pourquoi pas 20 ou 30, pourquoi ne les injecte-t-il pas directement dans le budget des établissements ? Mystère.