![](/images/breton_assis.png)
La grande illusion
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 20 novembre 2019 11:03
- Écrit par Claude Séné
![](/images/breton_assis.png)
Le préfet de police de Paris, venu constater les dégâts après la manifestation célébrant le premier anniversaire du mouvement de protestation des gilets jaunes, place d’Italie, a échangé quelques mots avec une personne qui se trouvait là et qui l’interpelle sur le fait que la police n’arrive jamais à arrêter les casseurs avant qu’ils ne commettent leurs méfaits. Didier Lallement s’aperçoit alors que son interlocutrice porte un gilet jaune et met rapidement fin à l’échange en s’exclamant qu’ils ne sont pas « du même camp », comme si l’on pouvait le suspecter de pactiser avec l’ennemi.
On peut en déduire qu’aux yeux de Didier Lallement, nous sommes en guerre. Une guerre contre les manifestants, et qu’il a pris la tête d’une armée chargée de vaincre l’adversaire, identifié par un uniforme jaune. Il lui importe peu de faire des prisonniers, il veut la déroute totale de l’ennemi et sa reddition pure et simple. C’est le sens de son annonce de l’interdiction d’une manifestation ayant déjà débuté, où il ne laissera aucune porte de sortie aux manifestants en bloquant tous les accès. Une stratégie comparable à celle utilisée par les Chinois à Hong Kong contre les étudiants retranchés à l’école polytechnique. Mais l’attitude de dédain aristocratique du préfet de police de Paris, ressemblant à s’y méprendre à celle de son patron, le Président de la République, m’a surtout fait penser à un film de Jean Renoir, la grande illusion, qui se déroule pendant la guerre de 14-18. Malgré le conflit qui oppose leurs deux pays, il y a plus de complicité et de compréhension mutuelle entre un Von Rauffenstein (Éric Von Stroheim) et un de Boëldieu (Pierre Fresnay), qu’entre ce dernier et son mécano, Maréchal (Jean Gabin).
Et dans la jacquerie des gilets jaunes, malgré les ambiguïtés inhérentes au mouvement, on sent bien qu’il y a une révolte populaire, et que l’on est plutôt du côté Maréchal-Gabin, le côté « prolo ». En s’y opposant frontalement, Didier Lallement s’affiche du côté « aristo », celui des Boëldieu-Rauffenstein. On s’attendrait presque à le voir arborer les gants blancs de Fresnay et la minerve de Von Stroheim pour marquer plus encore son mépris de classe. Qui pourra croire à l’impartialité des « forces de l’ordre », ni même au simple respect des consignes et des règles prévues dans les opérations de maintien de l’ordre républicain ? La mutilation par la perte d’un œil d’un manifestant pacifique, qui fait suite à une longue liste de bavures policières est là pour rappeler qu’à force de ne pas régler les problèmes, on les laisse s’envenimer et qu’ils ne se résoudront pas d’eux-mêmes. Combien de temps les Français seront-ils abusés par l’illusionniste qui les dirige ?