Le droit du plus fort

On croyait jusqu’à présent que le droit pouvait servir de contrepouvoir entre le plus fort et le plus faible, que ce soit entre individus ou entre pays. Les accords internationaux, même imparfaits, servaient de garde-fous contre les abus de pouvoir et dans la plupart des cas, les états respectaient la parole donnée, ou, quand ils ne le faisaient pas, ils admettaient que le principe en demeurait valable. Depuis son accession surprise au pouvoir, Donald Trump n’a eu de cesse de remettre en question tous les engagements de son pays.

Après avoir dénoncé unilatéralement l’accord visant à dénucléariser l’Iran, à seule fin de tenter de renverser le pouvoir en place, en provoquant un mécontentement populaire par des sanctions économiques sévères qu’il impose à toutes les entreprises utilisant le dollar dans leurs transactions, il a officiellement fait sortir les États-Unis des accords de Paris sur la lutte contre les gaz à effet de serre et le réchauffement climatique. Le dernier reniement en date a été annoncé par Mike Pompeo, Secrétaire d’état, équivalent de notre ministre des Affaires étrangères et voix de son maître. Il a déclaré que son pays ne considérait plus que les colonies israéliennes en Cisjordanie étaient contraires au droit international. Ce qui veut dire que les États-Unis s’arrogent le droit de décider de ce qui est légal ou non, sans prendre la peine de consulter qui que ce soit. Et quand je dis les États-Unis, c’est encore pire que cela. Il s’agit de la décision d’un seul homme, qui plus est, très mal entouré, qui ne suit que son instinct qu’il pense infaillible, alors qu’il est totalement ignare en matière de politique internationale et de géographie tout court.

Cette décision, à l’évidence, a pour seul but de flatter la communauté pro-israélienne dont le vote peut lui être utile pour sa réélection, et au passage, de donner un coup de pouce à son ami Benyamin Nethanyahu, Premier ministre sortant, à la peine en ce moment, malgré une position extrêmement dure sur les droits des Palestiniens. Donald Trump a déjà saboté autant qu’il le pouvait toute tentative de trouver un accord de paix dans la région en s’efforçant de créer des obstacles irréversibles à une solution négociée, avec le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, reconnue unilatéralement capitale unique d’Israël, et l’officialisation des territoires occupés depuis 1967 comme partie intégrante de l’état hébreu. Cette politique de la terre brûlée et du fait accompli s’apparente beaucoup à ce que l’on nomme en économie un abus de position dominante. Les Américains de la fin du 19e siècle ont eu le courage d’édicter une loi visant à empêcher les monopoles en matière d’économie, ils devraient avoir l’intelligence de limiter leur pouvoir pour ne pas, demain, être les prochaines victimes de la concentration au profit de la Chine, future maîtresse du monde.