Eros et thanatos

La mort et le malheureux

Un Malheureux appelait tous les jours
La mort à son secours.
O mort, lui disait-il, que tu me sembles belle !
Viens vite, viens finir ma fortune cruelle.
La Mort crut, en venant, l'obliger en effet.
Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre.

Que vois-je! cria-t-il, ôtez-moi cet objet ;
Qu'il est hideux ! que sa rencontre
Me cause d'horreur et d'effroi !
N'approche pas, ô mort ; ô mort, retire-toi.
Mécénas fut un galant homme :
Il a dit quelque part : Qu'on me rende impotent,
Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu'en somme
Je vive, c'est assez, je suis plus que content.
Ne viens jamais, ô mort ; on t'en dit tout autant.
La Fontaine n’a pas évité les questions métaphysiques, plusieurs de ces fables font état de ses réflexions sur la mort, j’aurais aussi bien pu choisir « la mort et le bucheron », l’une comme l’autre nous fait nous interroger sur l’ambiguïté de l’homme face à son inéluctable fin. La vie, la mort, ces deux pulsions inséparables, complémentaires plus que contraires, soulèvent toujours des problématiques aussi bien existentielles que sociales.

Des cas comme l’affaire Lambert, permettent sans doute d’enrichir nos réflexions… la loi Léonetti sur le droit des personnes en fin de vie, applicable depuis le mois d’août 2016 apporte enfin des instructions claires sur les droits de chaque individu à formuler ses directives anticipées, déposées auprès d’une personne de confiance, sur les souhaits de la fin de sa vie. Voilà une démarche bonne à faire quand on est encore en bonne santé et qu’on a toute sa conscience, qui évitera bien des préoccupations à nos proches. Mais je suis persuadée que le tabou de la mort est si fort, qu’il limitera le nombre de ces démarches… on peut toujours se dire qu’on a le temps… mais ce n’est pas toujours vrai. C’est trop tard de toute façon pour les 1500 personnes en France en état végétatif chronique dans les hôpitaux ne savent que faire !

C’est peut-être le moment de rappeler aussi que l’on peut donner son corps à la science, et être donneur d’organes (tout le monde peut le faire sauf si l’on demande son inscription sur le registre national des refus) par une simple déclaration signée, datée, envoyée à la faculté de médecine de son choix.

Un peu d’humour pour réchauffer l’ambiance avec Woody Allen : « Ce n’est pas que j’ai vraiment peur de mourir, mais je préfère ne pas être la quand ça arrivera », ou encore de mémoire : deux mères juives se désolent que les pâtisseries de ce magasin sont de moins en moins bonnes, dit l’une et en plus elles sont de plus en plus petites rétorque l’autre… Il en va ainsi de la vie, de plus en plus difficile et de plus en plus courte on n’y tient quand même !

L’invitée du dimanche